Part 4 : La rencontre.
- Mais grand-père, les esprits se sont détournés des hommes ! Et tu disais que Mizunoseï veillait sur nous ! L’esprit de l’eau, celui qui vit dans la rivière est toujours là n’est-ce pas ? Il est resté parmi nous ? Et tous les autres ? Ils sont partis ? Et où ?
- Akito, interroge ton cœur, tu entendras la voix de l’esprit de l’eau dans la rivière. N’entends-tu pas la voix de la pluie du printemps ? La voix de la joie dans la chaleur des rayons du soleil de l’été ? La voix dans le souffle du vent de l’automne ? Et, la voix du silence dans le calme de l’hiver ? Les quatre saisons mon petit, les enfants du couple du ciel ne nous ont jamais quittés !
- Miyuki. Comment a-t-elle su quel était son don ? Elle est l’hiver…
Le jeune homme s’était levé de sa chaise et se dirigeait vers la fenêtre sous le regard de son grand-père muet. Ils restèrent ainsi pendant un bon moment jusqu’à ce que la voix devenue plus grave d’Akito rompît le silence.
- C’est le début du règne de Miyuki… Raconte-moi ce qui s’est passé. J’ai un sentiment étrange comme quand je fais ce mauvais rêve. Je veux savoir, continue grand-père, s’il te plaît !
- Bien. Ou en étais-je… Ah oui !
La première fois que son don s’est dévoilé, c’était lors d’une promenade avec Shika et Byakko dans les bois. Ce jour là, ils avaient traversés toute la région en espérant tomber sur l’un des frères de Miyuki car elle ne les avait pas rencontrées depuis plusieurs semaines. Ils revenaient bredouilles vers la rivière avec le cœur en peine et ils ne remarquèrent pas de suite la présence de l’homme assis dans la barque entrain de pêcher au beau milieu de l’eau. Des hommes s’étaient installés là depuis peu. Les yeux écarquillés, bouche bée, Miyuki fixait le jeune homme dans son embarcation. Elle observait chacun de ses gestes. Elle ne pouvait pas détacher son regard de lui, et, n’avait qu’une envie, celle de s’approcher pour mieux le voir. Elle avança discrètement entre les arbres suivie de Shika et de Byakko aussi curieux qu’elle. Puis soudain elle s’arrêta net. Il l’avait remarqué et la dévisageait avec stupeur. Il n’avait jamais vu une aussi belle jeune femme. Instinctivement, il tira sur son filet, le déposa au fond de la barque et pris la pagaie pour la retrouver sur la rive. Miyuki ne bougeait pas. Sa raison lui criait de s’en aller au plus vite mais son cœur lui, battait à tout rompre en lui répétant de rester. Le jeune pêcheur se trouva alors devant elle. Trop tard, elle ne pouvait plus fuir. Il s’était avancé vers elle, avait pris sa main en s’inclinant et de l’autre il grava dans la terre son nom Daïki avant de la poser sur son cœur en souriant. Miyuki timide comme elle était n’arrivait pas à prononcer un seul mot. A peine si elle osait croiser son regard, et, pour la première fois de sa vie son visage s’était coloré d’un rose tendre au niveau de ses joues. Voyant que la jeune femme était confuse et mal à l’aise, Daïki tira sur son bras en lui demandant d’écrire son nom sur le sol à côté du sien. « Miyuki » lui répondit alors Byakko. Surpris d’entendre le renard parler, le jeune homme fit un pas en arrière, puis, secouant la tête comme s’il se disait que tout cela n’était qu’un rêve, que tout cela n’existait pas, il voulut partir. Miyuki avait si peur de ne jamais le revoir et sans réfléchir elle agrippa son bras en le priant de rester encore un peu près d’elle. Daïki avait senti le froid glacial dans cette main qui lui serrait le bras mais l’oublia aussitôt lorsqu’il plongea ses yeux dans ceux de la belle. Ils étaient tombés éperdument amoureux l’un de l’autre. Il l’attira dans ses bras et lui déposa un baiser sur le front en lui promettant en pensée de revenir bientôt puis la quitta. La jeune femme le regarda partir vers sa barque, y monter et s’éloigner sur la rivière. Puis elle soupira. Un air glacé sortit de sa bouche. Etonnée, elle recommença encore et encore. Sans s’en rendre compte elle avait couvert les alentours de givre et de glace…
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