Elle laissa filer le vent entre ses doigts,
Ecouta le bruit sourd du fleuve en contrebas.
La nature autour d'elle se voulait apaisée
Pour qu'elle-même, un jour, puisse enfin l'imiter.
Il était loin le temps des rires enfantins
Qui, entre deux pommiers, semaient de doux matins.
Les rires se sont tus, la joie s'est envolée,
Ne restent qu'un chagrin, un deuil inaccepté.
Dans son petit poing blanc repose une poignée
D'herbe tendre et de trèfles, fraîchement arrachée.
De rage, elle les jette dans l'eau claire et fuyante,
L'idée de les rejoindre peut s'avérer tentante.
La maison non loin d'elle, chaleureuse chaumière,
Est devenue pour elle un toit sombre et austère.
Mais les yeux dans le vague et le dos contre un frêne,
Elle se sent intouchable, dans son jardin d'Eden.
Elle se souvient encore – elle ne peut oublier,
De cette veille chaude de solstice d'été.
Qu'il était amusant, avec ses joues pouponnes
Et ses yeux si curieux, ses jolies mains mignonnes.
La rivière était calme, ses vagues étaient parfaites
La vie suivait son cours. Elle a tourné la tête,
Un instant, vers le ciel. Quand elle a de nouveau
Observé le courant, elle n'y vit que de l'eau.
L'enfant avait glissé. Elle appela en vain,
Horriblement consciente du terrible destin
Que le fleuve voulait infliger à son fils.
Déjà, il s'effaçait sous la surface lisse.
Elle écouta encore les soubresauts chantants
De ce qui lui avait dérobé son enfant.
Dans son poing, une fleur s'éteint dans le silence
D'une mère endeuillée par le poids de l'absence.
05/07/2015