Part 5 : La séparation.
Daïki rentrait toujours le dernier de la pêche. Et d’ailleurs, il s’aventurait beaucoup trop loin selon ses compagnons qui n’avaient aucune envie de le suivre et de se retrouver prisonniers du courant. Ils l’avaient mille fois averti du danger qu’il courait mais le jeune homme fou amoureux ne voulait rien savoir. Il alla jusqu’à se promener la nuit dans les bois pour retrouver sa belle mais elle avait disparu. Miyuki était revenue de la réunion des maîtres du Cosmos et elle se cachait ne sachant pas comment lui expliquer qu’elle n’était pas humaine, qu’elle était un esprit avec une mission, celle de développer son don. Son retard sur ses frères était considérable. Heureusement, à leur retour sur terre, l’esprit du printemps s’était porté volontaire pour commencer le cycle des saisons. Mais Miyuki n’arrivait pas à se concentrer. Daïki obsédait ses pensées de jour comme de nuit. La jeune femme ne put résister à l’appel de son cœur et elle alla le trouver près de la rivière. Il était si content de la revoir et montrait sans retenue sa joie qui illuminait son visage. Elle ne put s’empêcher de le serrer contre elle et en oubliant son devoir, elle l’entraîna avec elle dans la forêt pour lui faire visiter ce qu’elle appelait son domaine et surtout pour le présenter à tous ces amis les animaux. Il ne passait pas un jour où Daïki allait leur rendre visite pour passer de bons et agréables moments. En leur compagnie, il se sentait si bien. Personne ne le regardait de travers car jamais aucun son ne sortait de sa bouche, tous ces amis ainsi que Miyuki l’avaient accepté tel qu’il était. Il était heureux parmi eux.
Un jour, alors qu’il attachait la corde de sa barque à une grosse pierre, une main se posa sur son épaule. C’était sa douce amie. Il fut surpris car elle ne venait plus jusqu’à la rivière de peur de se faire repérer par d’autres hommes. Dès qu’il eut croisé son regard, il avait senti que quelque chose n’allait pas. Elle avait l’air si triste. Byakko s’avança et voulu lui expliquer ce qui se passait mais Miyuki lui fit signe de s’abstenir. C’était à elle de le lui dire. D’une voix tremblante, la jeune femme lui exposa la situation. Son père lui était apparut dans la nuit. Il l’avait questionné sur ses progrès. Le temps pressait, c’était la fin de l’automne et il voulait s’assurer que sa fille remplirait bien son devoir. Bien sûr, elle avait soupiré à plusieurs reprises et ainsi reproduit le même phénomène qu’à sa première séparation avec Daïki mais le père n’était pas dupe et il lisait dans son cœur. Dans une grosse colère il lui ordonna de ne plus jamais revoir son bien aimé en lui répétant sans cesse qu’elle était la fille du couple du ciel et qu’elle ne devait pas se rabaisser en côtoyant un humain. Pour le bien de tous les esprits du Cosmos elle devait enfin œuvrer en tant qu’esprit de l’hiver pour être reconnue par les siens et accéder au trône de son futur domaine dans le Cosmos. Miyuki désemparée ne pouvait qu’obéir. C’est ainsi après avoir demandé la permission de lui dire adieu qu’elle se présenta devant Daïki. Il secouait la tête comme la toute première fois, il ne voulait pas entendre, ni comprendre, ni lui dire adieu. Il se souvint soudain qu’il lui avait rapporté une rose. Il l’a saisi dans la barque et la lui tendit en posant son autre main sur son cœur tout en continuant de lui faire non de la tête. Sa douce accepta la fleur avec un sourire forcé sur les lèvres. Elle savait qu’elle ne pourrait plus retenir ses larmes très longtemps et elle décida de disparaître sur le champ avant qu’il ne les voit couler sur ses joues. Dans la précipitation de son geste, la rose avait quitté sa main pour tomber dans l’eau. Daïki avait envie de hurler mais il était muet. Son cœur allait s’arrêter de battre tellement il lui faisait mal de chagrin. Son regard allait de la rive déserte à la rose qui flottait sur la rivière. Et, sans plus réfléchir, il sauta dans son embarcation, prit la pagaie à la poursuite de la fleur. Elle était la seule chose qui lui restait de Miyuki, il fallait absolument la repêcher.