Sur la place s’élève un chapiteau,
Rouge et beau.
Je déambule en spectatrice muette,
Les bras chargés de souvenirs,
Les bottes lourdes
De vies en devenir
Je rêve souvent en ce moment
Que mes enfants sont petits,
La place sous l’école,
Les matins de pluie.
Un cirque a fait escale dans ma tête cette nuit
Et entre les barrières et les pans qui dissimulent leur vie
Les forains s’entraînent pour leur prochain spectacle,
Je rêve une femme acrobate,
Elle se balance avec aisance
Sur un trapèze attaché aux nuages
Elle est robuste et masculine,
Je l’observe, fascinée
Déplier ses muscles sous la bruine.
D’où vient-elle
Quelle est sa vie
Elle existe quelque part,
Artiste, femme
Et mère peut-être aussi.
Elle se tient dans mon rêve
Avec fermeté
Je conduis les enfants comme autrefois
Lorsqu’ils dépendaient tant de moi
Leurs pas dans mes pas,
Et dans les flaques, on rit.
Quand le cirque jouera ce soir
A guichets fermés
J’essaierai à nouveau de croiser le regard
De la femme acrobate
Qui tente l’équilibre
Sur le trapèze de ces jours difficiles
Mais les saltimbanques repartent au réveil
Je bois mon café
Les yeux bouffis de mauvais sommeil
J’essaye de reprendre pied
Les enfants sont plus grands que moi
Sous leur parapluie
C’est l’heure de les conduire au lycée
Le rêve est fini
Je ne veux pas qu’elle parte
La femme acrobate.