- Akito, il reste du poisson à frire et une salade de pommes de terre ? Mon estomac crie famine, ne voudrais-tu pas préparer à manger ?
- Oui grand-père.
- Pendant ce temps, je vais me dégourdir les jambes, cela fait des heures que nous sommes assis là sans bouger.
Ils prirent le repas ensemble. Chacun de son côté s’était perdu dans ses pensées. Puis le grand-père fatigué demanda à Akito de le ramener à la maison comme il n’y avait plus rien à faire à la cabane avant les beaux jours du printemps. Ils rentrèrent. Le vieil homme fit une sieste. Ils passèrent la soirée à regarder un match de baseball et ensuite se couchèrent. L’histoire de Miyuki et de Daïki n’avait pas quitté l’esprit d’Akito. Et il avait beaucoup de mal à s’endormir. Au bout de quelques heures, il décida de se lever. Dans sa tête, il se repassait le film du conte que son grand-père lui avait raconté et ses dernières paroles avant d’aller se coucher. « Demain mon petit c’est le premier jour de l’hiver »…
Le jeune homme sentait en lui le besoin de retourner à la cabane. Il prit ainsi au beau milieu de la nuit le chemin de la rivière des pêcheurs. Juste avant de bifurquer vers le sentier menant à la cabane, il vit quelqu’un au bord de la route lui faire des signes avec une lampe torche. Il s’arrêta sur le côté. Il fut surpris lorsqu’il se rendit compte en s’approchant qu’il s’agissait d’une femme seule. Elle lui demanda de l’aider car sa voiture était tombée en panne un peu plus loin. Il lui proposa de l’héberger pour la nuit et d’appeler les gardes forestiers au petit matin. Une fois installés dans la cabane, Akito se hâta d’aller chercher des bûches de bois pour allumer la cheminée et une couverture pour la femme grelottant de froid car les températures avaient brusquement chuté dans la nuit. Il craqua une allumette pour allumer la vieille lampe à pétrole et s’empressa de ramasser quelques gros morceaux bois. Il fouilla pour trouver une couverture sur les étagères tout près de leurs petits bateaux à moteur. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il remarqua une troisième embarcation recouverte d’une bâche ! Son grand-père lui aurait-il caché quelque chose ? Il découvrit l’objet de mystère caché sous la toile. Il n’en croyait pas ses yeux. Akito avait là devant lui, une barque des temps anciens taillée à même le bois, dans un état plus que parfait ! Il s’approcha avec la lampe pour mieux voir les détails de l’excellent travail accompli. Puis, ses doigts frôlèrent une inscription sur le côté. Un nom y était gravé, celui de Daïki. Éberlué, il essayait de reprendre ses esprits. Il fallait rejoindre la femme qui attendait de se réchauffer. Avant de recouvrir sa trouvaille une autre chose le frappa en plein cœur, une rose givrée reposait sur les vieux filets à l’intérieur de la barque. Il respira un bout coup, l’a prenant avec lui ainsi que le bois et la couverture. De retour auprès de son hôte, il se dépêcha de faire du feu après lui avoir remis une couverture. Il prépara du thé tout en jetant des coups d’œil intrigués vers la fleur qu’il venait de déposer dans un verre qui faisait office de vase. Il servit la jeune femme qui lentement reprenait des couleurs et retrouvait aussi la parole. Elle le remercia de son hospitalité en se présentant sous le nom d’Elise Montfort. Elle lui expliqua qu’elle s’était aventurée dans le coin car elle cherchait l’endroit où le premier jour de l’hiver une certaine rivière devait se couvrir de pétales de roses selon une légende des temps anciens. Akito ne l’écoutait qu’à moitié, il était encore sous le choc de sa découverte et ne pouvait pas se retenir de se retourner sans cesse sur la rose qui trônait dans son vase sur le meuble près de la fenêtre. Sans s’en apercevoir, il avait attiré l’attention d’Elise sur elle. Dès qu’elle la vit, elle sortit son appareil photo de son sac à dos et voulut prendre des clichés en posant des questions à ne plus en finir. Akito ne répondit à aucune et il lui demanda de bien vouloir s’abstenir de prendre des photos de chez lui tout en précisant qu’il était surpris par le manque de respect de son hôte. Il comprit alors qu’il ne pouvait s’agir que d’une journaliste à la recherche d’un scoop et, dès le petit matin il allait devoir s’en débarrasser au plus vite pour être tranquille et faire ce qu’il avait prévu. Le jeune homme lui raconta alors qu’il vivait ici depuis tout petit et qu’il n’avait jamais vu ni même entendu parler d’un phénomène dans le genre. Mais il insista que bien plus loin, les habitants de la montagne parlaient souvent d’une apparition. Celle d’une jeune femme d’une beauté rare, à la peau blanche et aux grands yeux gris.
