Quand...
Quand je serai devenu une chose au cœur pointu
Un cynique absolu, un fat, un m'as-tu-vu
Compassion, je n'aurai plus pour les gens des rues
Pas plus qu'une attention pour un enfant perdu
Quand mon œil scrutateur s'habillera de froideur
Aveugle, je deviendrai aux souffrances des glaneurs
Vers ces ombres, je tendrai un doigt accusateur
Comme le faisait sans cœur du roi le procureur
Quand j'aurai oublié, le goût fort du remord
Je regarderai en souriant des autres la mort
Harponné par les dards d'adipeux picadors
Barbares matadors au faciès d'alligator
Quand mon ouïe appauvrie insensible à la vie
N'entendra plus le chant bénit de l'arbre qui bruit
Frigide, je resterais à tous les pleurs et cris
Que lancent dans l'infini nos lugubres âmes meurtries
Quand mes doigts ne sauront plus que frotter la pierre
Réfractaire au plaisir de flatter le mohair
Sans attrait sera pour moi la chaleur de ta chair
Et l'ombrage étoilé du ciel crépusculaire
Quand je serai devenu cette chose au cœur pointu
Ce cynique absolu, je t'en supplie Lulu
Offre-moi le salut et dégoutte à mon insu
Dans un verre de bon cru, deux, trois larmes de ciguë