Les grands chevaux bleusNous irons demain courir sous l’ombre épaisse
Dans les bois fauves où les fougères ondulent
nous attendent les grands chevaux bleus.
Le velours de leur regard pénètre le flot végétal
Les étincelles de pluie sous leurs sabots libèrent des torrents
Soulevés par la fureur du mouvement, les paumes plongées
dans les ocelles émeraude de leurs encolures
nous roulerons sur le dos de leurs robes saphir
jusqu’au fleuve d’or
qui se perd dans le lointain diaphane
Que temps et sapience soient dans notre balance
et nous verrons l’esprit de la forêt contempler la fabuleuse licorne.
L’animal porte haut sa torsade effilée
toute de nervures nacrée
la soie de sa crinière flotte sous le souffle
un vent de Terre que le cerf transporte
La licorne sur un contrefort de lumière
le cerf les sabots baignés d’ombre
de part et d’autre du ru qui les sépare
se reconnaissent esprit et âme
Une ligne de terre et d’eau disloque leur monde
qu’un Sylphe ravit dans son champ dièdre
Du corps enraciné de la forêt silencieuse
expirent des mystères
Un goût de sel et de safran écume la nuit
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