Le lendemain matin, se sentant ragaillardi par une bonne nuit de sommeil, il prit son envol dès que le soleil embrasât l'orient. Il ne mit pas longtemps à apercevoir au loin la forêt mystique et son cœur se serrât quand il approchât du grand chêne
La belle était là, recroquevillée sur elle-même. Sa poitrine se soulevait lentement au rythme de sa respiration et quelques fois il semblait à Raven qu'elle soupirait, un peu comme un sanglot étranglé au fond de sa gorge. Il veillât sur elle longtemps et s'approchât posant près d'elle, sur le chêne, un ver qu'il avait trouvé dans les parages. Déjà le soleil tombait et, c'est à regret qu'il repartit vers les siens, fourbu mais heureux d'avoir pu l'observer ainsi tout au long du jour.
Le soir venu, Snowbird s'éveillât, étirât ses ailes immaculées et découvrit le vermisseau à ses pieds. N'avait-elle donc pas rêvé? Etait-t-il donc bien venu cet étrange volatile noir comme la nuit au regard si doux ou n'étais-ce que le fruit de son imagination.
Le grand duc avait eu vent de la visite diurne, il savait les choses, les sentait. Il se dit qu'il fallait agir vite. Il convoquât à nouveau la princesse blanche et la mit une fois de plus en garde contre les dangers d'une mésalliance. Il lui suggéra de s'éloigner pour un temps de son chêne et de rejoindre une autre branche de sa famille, plus au nord.
Elle n'en avait pas très envie et ne comprenait pas pourquoi on la punissait de la sorte, elle n'avait pourtant rien fait de mal. Elle prit son envol le soir même, car on ne désobéissait pas au grand duc, c'était lui le chef et il savait ce qui était bien.
Le lendemain, quelle ne fut pas la déception de Raven lorsqu'en arrivant il ne vit pas la boule blanche endormie sur le vieux chêne. Il erra toute la journée comme une âme en peine et des larmes lui vinrent qui, coulant sur sa belle robe noire, se transformaient en une multitude de gouttelettes d'argent. C'était la première fois que cela lui arrivait. Il ne comprenait pas ce phénomène, de mémoire d'oiseau il n'avait jamais vu un des siens pleurer. Il reprit son envol et retourna dans la plaine, plus triste que jamais. Désormais, il lui semblait impossible de continuer à vivre. Il retournerait là-bas le lendemain et encore le surlendemain, tous les jours s'il le fallait. Elle finirait bien par revenir, ce n'était pas possible autrement.
Snowbird, de son côté se morfondait dans sa nouvelle famille, elle ne comprenait toujours pas les raisons de son exil forcé et s'ennuyait fermement. Pourtant une pléthore de beaux mâles lui faisait les yeux doux, mais aucun ne lui semblait digne d'intérêt. Elle ne rêvait que de ce bellâtre à la robe d'ébène et se mourrait d'amour pour lui (à suivre...).
