Mon herbier de vie
J’ouvre le livre qui s’écrit sous ma plume incertaine.
Graphies contrastées ; pattes de mésange ou empreintes de dinosaure.
Selon le jour et l’humeur j’accueille mes oiseaux des îles ou je contemple seule le vol des nocturnes.
Rire du pic vert ou pluie d’oiseaux morts. Quelle sera la moisson du jour ?
Peu importe l’heure avancée, je rêve de voyages qui se détournent de mon chemin.
Je suis sous la lampe dont la lumière prolonge l’espérance du jour
Je suis sous ma nuit où perle la rosée des mots de miel et le souvenir de corps épicés.
Je suis faite de ces liens qui toujours m’ont retenue, de ces mains qui m’ont prise alors que je ne pensais que fuir, alors que je ne voulais que m’appartenir.
Je suis faite de vent, de sable, de couleurs, de gênes de hasard.
Libre d’offrir mon amitié sans crainte d’être possédée
Libre d’aller et venir
Libre de donner et recevoir ce que je désire
Je me rêvais Libre
Je n’ai pas su féconder ma vie du pollen de mes attentes ;
je récolte ce que je n’ai jamais voulu semer
et, seule dans ma nuit, j’entends le cours de mes délires.
Chaque jour devrait écrire sa page de joies ; ma poésie je veux l’ignorer.
Je troque mes mots insipides contre des fleurs du jardin de l’oubli
que je rassemblerai dans un herbier perpétuel.
Ai-je vraiment voulu naître libre ?