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| Auteur | Message |
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Dehorian Poète
Messages : 121 Date d'inscription : 08/04/2011 Age : 43 Localisation : France
| Sujet: Et vous? Mar 24 Mai - 0:52 | |
| Avant propos
Ce texte est un poème.
C'est un poème en ce sens qu'il vient du poète tout autant que de l'écrivain, tous deux pour la première fois en parfaite harmonie en moi.
Pour être franc, j'hésite beaucoup à le publier, car c'est une claque que ce texte, en toute franchise. Il a pris naissance étrangement, alors que j'essayais d'écrire un bout du roman que j'ai en chantier, et à l'origine c'était son personnage principal qui parlait, un immortel né en l'an mil. Ce qui explique son début.
Ceci dit, très vite il a dépassé ce contexte pour devenir tout autre chose. Un quelque chose que je vous livre en l'état, brut de décoffrage, malgré le fait qu'il me dérange profondément à la relecture (pudeur surement). Oui mais voila, j'y suis, je vois, et là je dois simplement partager...
Dehorian.
Ps: Il se lit la dessus
J'y étais. J'étais avec chacun d'eux, chacun de ceux qui ont souffert, avec chacune des victimes de cette humanité qui n'a eu de cesse de se corrompre sous mes yeux. J'y étais et j'ai vu. J'ai vu le sang, j'ai vu la mort. J'ai vu la souffrance, j'ai vu la haine. J'ai vu le mal à l'état pur. Et j'ai même vu l'espoir lui cracher au visage avant d'être noyé sous une chape d'indifférence presque morbide. J'ai vu. J'y étais et j'ai vu.
Et vous?
Mille fois, dix mille fois, cent mille fois, j'ai vu la barbarie et l'oppression, l'avidité et la colère. J'ai vu des rivière de la plus pure des eaux se teintant du sanglot vermillon des champs de batailles. Et je l'ai vu, la fleur de cette ironie qui jetait ses pétales à peine éclos vers ce soleil rougeoyant en train de se lever sur les carnages des humains. J'y étais et j'ai vu.
Et vous?
Et vous ne comprenez pas, vous n'avancez pas, vous n'apprenez pas. Vous ne grandissez pas. J'y suis et je vois. Je vois que rien ne change, et je vois les leçons apprises si chèrement par une génération être oubliées sans honte par la suivante, je vois les mêmes erreurs se répéter sans fin, et je vois Gaïa, notre si tendre mère, en train d'en payer le prix un peu plus chaque jour. J'y suis je vois.
Et vous?
Et j'ai honte. Honte d'être là, parmi vous, honte de ne rien faire, honte de me taire, honte que mon silence cautionne tout ça. J'ai honte d'être l'un de vous. J'ai honte de regarder cette souffrance partout et de me sentir comme anesthésié. J'ai honte quand quelqu'un que je respecte me dit que son confort est plus important que l'avenir de ce monde. Et j'ai honte de ne pas lui répondre ce simple "non." qui me brûle tellement les lèvres. J'ai honte d'être poète sans être pamphlétaire. Mais j'y suis et je vois.
Et vous?
J'ai honte. J'ai honte de ne pas oser crier quand il faudrait hurler. J'ai honte de jouer sans fin avec les mots et de ne pas vouloir en faire les hérauts de cette terre qui meure, de ce monde qui a mal, de ce peuple qui se cherche, de cette humanité qui ne demande qu'à s'unir, mais qui en restera incapable tant qu'elle ne comprendra pas cette simple vérité, pourtant si évidente que je vois car j'y suis: Il n'y a que dans l'amour que l'on pourra être fort. Il n'y a que dans le respect que l'on pourra avancer. Il n'y que dans l'harmonie que l'on pourra évoluer. Car oui, le futur sera amour ou ne sera pas, et j'ai honte de penser que nous nous dirigeons vers ce second chemin, ce chemin fait d'auto destruction et de haine. Honte de me dire qu'un jour viendra où l'humanité s'éveillera et comprendra qu'il est trop tard, et qu'elle a d'ores et déjà perdu son âme. Mais aussi vrai qu'aujourd'hui j'y suis et je vois, j'y serais, et je verrais.
Et vous?
J'ai peur de regarder un enfant droit dans les yeux et qu'il y lise ma honte. J'ai peur de cette terre que je vais lui laisser, à lui et à ceux qui seront ses frères. J'ai peur de ce monde qui s'annonce, un monde sans Socrate, un monde sans Diderot, un monde sans Hippocrate et sans Pasteur. Un monde ou Da Vinci ne pourrait pas exister. Un monde où jamais plus aucun Vivaldi ne composera ses quatre saisons et où plus aucun Molière ne saura mettra l'humour au service de la plus féroce des critiques. Un monde où aucun Shakespeare ne nous contera Juliette et son amour pour Roméo. Un monde où plus jamais une J.M Auel ne nous ressuscitera aussi superbement le passé et où plus un seul Jules Verne ne nous fera voyager ainsi, un siècle dans le futur. Où plus aucun Dickens, surtout ne nous jettera aussi violemment notre présent au visage. J'ai peur, enfin, d'un monde ou je ne saurais plus écrire mon amour pour elle et où elle, elle ne saura plus rire. Mais j'y serais et je verrais, quand bien même devrais-je lutter contre l'intarissable flot de mes larmes pour ça.
Et vous?
J'ai peur d'être l'un des derniers. Peur d'être l'un des seuls, non pas à comprendre, non pas à être incapable de se taire plus longtemps, mais bel et bien à avoir un véritable moyen de changer les choses. J'ai peur qu'en effet, comme dirait l'un de mes lunaires amis, je sois l'un des seuls qui puisse réellement enseigner l'amour aux hommes égarés. Et j'ai peur de relever ce défi. De ce qu'il implique. De ce à quoi je devrais m'engager pour ce faire. Car j'y suis et je vois.
Et vous?
Mais j'ose. J'ose ce texte qui vous tient en mon pouvoir et s'attaque à vos consciences. J'ose cette insulte jeté à votre face, sans vergogne et sans honte. J'ose ce gant que je vous lance, ce défi que vous, vous n'oserez jamais relever, parce qu'il impliquerait de cesser d'être des enfants qui jouent à être des hommes. De cesser d'être des petits qui pensent être grands. J'ose dire ma vérité, la mienne et celle de cette terre dont je me fais l'apôtre, car aucun autre que moi n'en a non pas la force, non pas le courage, mais si simplement la verve. Ou bien alors que ceux qu'ils l'ont se cachent, honteux, quelque part. En tout cas, moi j'y suis et oui je vois. Mais je ne les vois pas eux.
Et vous?
J'ose être leur voix à tous. J'ose prendre leur cri et le faire mien, car c'est ainsi et ainsi seulement que vous pourrez l'entendre. J'ose écrire au nom de ceux qui se battent, au nom de ceux qui meurent, j'ose écrire pour qu'enfin vous les entendiez. J'ose écrire pour les humain d'Égypte, privés du droit élémentaire de me lire par des moutons qui se prennent pour des lions et qu'on laisse faire. J'ose aussi écrire à cet homme, encore plus loin, qui refuse d'entendre la voix de ces humains qui tous le rejettent. J'ose lui écrire mon mépris et ma pitié. Mais j'ose aussi lui jeter mon amour comme une insulte, à lui et à tous ceux qui, à travers lui, pensent que l'on peut ainsi jouer avec la liberté d'autrui. Venez essayer de prendre la mienne, et vous verrez ce que je peux oser quand il le faut, moi, l'être humain qui vous crache actuellement au visage mais qui pourtant vous aime. J'ose en tout cas écrire au nom de cette liberté, qui, en cet instant où j'écris, est en train d'exploser un peu partout dans le monde et qui elle aussi vous crache au visage. Et tout ça j'ose l'écrire car j'y suis et je vois.
Et vous?
J'y suis et je vois ce monde en train de bouger, vacillant sur ses bases, je le vois incertain de la direction à prendre, attendant presque de sentir d'où vient le vent pour se décider, et je me prends soudain l'envie d'être un peu comme l'étincelle qui enflammera la mèche et qui fera entendre à l'humanité la fureur d'une terre qui en a simplement assez d'elle, car au fond, moi j'en ai simplement assez d'avoir honte de ne rien dire.
Et vous?
Je sais pourtant que seul jamais je n'oserais. Seul je n'ai que mes mots, et ils ne sont rien. Seul, le courage me fera défaut. Seul jamais je ne sortirait dans la rue pour leur hurler mon soutien, à eux, tous autant qu'ils sont, qui entretiennent les flammes de la liberté et de l'espoir. Eux qui luttent de toutes leurs forces, par choix, par nécessité, par colère ou par dégout, contre des idéaux corrompus et des injustices commises au nom de la morale ou de Dieu. Eux qui luttent contre la misère et la souffrance, avec souvent leur cœur pour seul moyens, avec leur âme pour seul fortune. Eux qui enseignent par l'exemple et tentent de nous tirer vers le haut. Eux dont toujours la lumière brillera quelque part au fond de moi et de qui mes mots tireront leur force. J'y suis et je les vois. Et je les aime. Chacun d'eux, même le plus humble, même le plus fruste. Même le plus riche, même le plus arrogant. Même le plus con.
Et vous?
Je relirais ce texte dans quelques instants, et je sais que je ne pourrais, moi, l'homme derrière l'écrivain qui ce soir vient de s'ouvrir comme jamais il n'aurait cru pouvoir le faire, trouver à ce que je viens d'écrire qu'une seule et unique réponse: Moi aussi j'y suis, moi aussi je vois.
Et vous?
Le 10/02/11 |
| | | féfée Poète
Messages : 2481 Date d'inscription : 10/11/2010
| Sujet: Re: Et vous? Mar 24 Mai - 11:26 | |
| Un écrit d'une grande force et qui veut garder l'espoir au fond... Je régirais en disant, j'y suis, je vois, et je n'ai pas honte, car j'ai accepté mon impuissance, et je me suis désolidarisée de l'humanité, un peu comme un loup solitaire qui crée sa propre meute... J'agis selon mes principes, et sur mon environnement proche, et je garde confiance en me disant que cette humanité si loin de moi est en train de prendre conscience et va redresser la barre ! Le mouvement écologique s'amplifie, et les gens souffrent du pouvoir de l'argent et du manque d'amour. Je me dis que le changement va se faire petit à petit dans le coeur des gens, et les dirigeants ne pourront que suivre. Je pense qu'il ne faut se sentir responsable que de ses propres actes. Vraiment un très bel écrit ! Bravo à toi |
| | | Damona Morrigan Fondatrice d'Alchemypoètes
Messages : 4544 Date d'inscription : 06/11/2010 Localisation : Dans la cabane de la sorcière blanche sur l'île d'Emeraude
| Sujet: Re: Et vous? Mar 24 Mai - 23:10 | |
| Moi aussi, j'y suis, je vois, j'entends, je sens et je ressens. Je n'ai pas honte de qui je suis, ni de ce que je fais ou que je ne fais pas. Tout comme Féfée je me suis déshumanisée et j'essaie au mieux au jour le jour d'apporter ce que je peux à mon prochain, à celui que je rencontre, à ceux qui m'entourent dans l'instant. En fonctionnant ainsi depuis pas mal d'années, j'ai compris une chose importante, c'est qu'il faut savoir toucher le cœur de la personne, quel quelle soit, une inconnue, une connaissance, une collègue de travail, une amie, ou une parente et ainsi l'ouvrir au monde et ce qui s'y passe. Mais c'est elle qui choisit toujours sa voie, le chemin qu'elle prendra et elle seule sera responsable de ses actes ou non acte. Je m'arrête là, je ne vais jamais au-delà car cela ne servirait à rien. Tout est dans l'ouverture et la compréhension de la personne. Ensuite elle choisit l'abnégation, l'indifférence, la fuite, le mensonge ou elle s'engage en faisant un espèce de pacte avec elle-même, un code de conduite si je peux l'exprimer ainsi. En tout cas, bravo, excellent texte qui mène à une réflexion profonde. |
| | | lutece Administrateur-Poète
Messages : 3375 Date d'inscription : 07/11/2010 Age : 67 Localisation : strasbourg
| Sujet: Re: Et vous? Mer 25 Mai - 14:57 | |
| Je crois bien, qu'en fait le monde est peuplé de gens comme toi qui voient quii ressentent et qui desespèrent de ce qui se passe, de ce qui nous entoure. Mais je veux croire encore, qu'un jour tout cela changera...j'espère juste qu'il ne sera pas trop tard, que l'humanité ne repartira pas de "trop bas". En tout cas merci pour ce message profond qui me parle et me remue, tant ton verbe est fort et puissant. |
| | | Karoloth Poète
Messages : 884 Date d'inscription : 12/12/2010 Localisation : Draveil
| Sujet: Re: Et vous? Mer 25 Mai - 17:19 | |
| Comment la goutte d'eau peut-elle espérer contrarier la marée. Crions ! Crions fort ! Personne n'écoute. Il faudrait renoncer à tout ! Renoncer au confort ! A l'electricité ! Au chauffage central ! A l'automobile ! A la médecine moderne ! Soyons sérieux, personne n'est prêt à ça, même le plus ardent militant vert. Quant à la terre, elle s'en remettra, elle a connu pire que nos petites exactions ; c'est nous, espèce humaine, qui ne nous en remettrons pas. J'imagine assez bien un fin à l'échelle planétaire comme celle qu'a connu l'ancienne civilisation de l'île de pâques : une décrépitude généralisée de nos sociètés, des guerres sans fin, des famines, des épidémies mortelles. Toutes sortes de choses que nous croyons loin de nous, mais qui resurgirons à la moindre opportunité. |
| | | JEAN PIE Invité
| Sujet: Honte ? Mer 25 Mai - 17:21 | |
| D ramatiquement vrai E t si profonds regrets ! H ont'à ceux qui oublie O h simplement qu'une vie, R ebeu ou Prince de sang I l n'y a rien de plus grand ! A h, les titr' et l'argent N e sont que des tyrans ! Chapeau bas Monsieur DEHORIAN : vos mots me touchent, me transpercent et traduisent si bien mes pensées ! |
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| Sujet: Re: Et vous? | |
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