Mon cavalier noir se cache à l’ombre des mots
Il me nargue, fait de moi son momô
Approche-toi, petit ange
Avec ton teint orange.
Ta joie me dérange
Approche encore que je me venge !
Touche moi, vas-y !
Tu crois que c’est parce que t’es polie
Que je vais t’épargner ma jolie ?
Touche-moi si t’as envie !
C’est mon cavalier que réveille
Ta main et son vernis vermeille.
Mon monstre au monde sans merveille
Se répand dans mon être en sommeil.
Alors mon corps prend vie
Et mon âme s’enfuit ; il surgit !
Car il est noir, pire que la nuit
Il est le néant, la haine, la folie.
Tu m’emporte, mon cavalier
Dans la merde de mon passé.
Fais-moi revivre ma rage oppressée
Sur sa gueule je vais la délier.
Ca monte, ça monte sur mon visage.
Il est difforme, augure de mauvais présage
Et mon corps tout entier se convulse de rage
J’attrape ma proie, lui fracasse le visage.
Il n’y a plus que le rouge et la violence
Mes yeux aveugles comme mes sens
Je descends dans les limbes avec persistance
L’engrenage s’emballe, mon cavalier m’encense
Il vit enfin, il cri, il jouit, il explose !
Qui est-il ? Est-ce moi ? ou autre chose ?
Il me sourit dans tout ce sang, sombre névrose !
Il est moi, il est mon pus, un volcan d’ecchymoses
Et je continue mon massacre, les mains, les pieds
Les dents, le ventre, les os, le sang doit gicler
Je n’entends rien sinon un cri profond et glacé
Qui de mes entrailles ne peut s’arrêter
Avec ce corps, mon cavalier se consume
Tel un feu, il me brûle, crame, se rallume
Se répand sans mes artères et l’atmosphère que je hume
Puis s’affaiblit, s’évapore, s’enfuit comme l’écume
Alors c’est le coup de grâce
Un poignard à fine lame prend place
Ma main l’étouffe. Qu’elle trépasse !
Un seul coup acharné et je regarde une glace …
Mon visage défiguré devient ange
Il est rouge, je le croyais orange ?!
Un poignard au cœur me dérange
Le repos dans l’âme, tout s’arrange !