Ces gens
Je vous parle de ces gens
Que j’ai aimé un temps,
Qui sont partis pourtant,
Poussés par les courants
Comme de frêles flocons blancs
Qu’emporterait le vent.
Le vent de la vie folle
Où la jeunesse s’étiole
En jeux et cabrioles
Sans voir la nécropole,
Les jours couleur pétrole,
Les mères que l’on console.
Des jeux dits mortifères,
Vitesse, tombeau ouvert,
Virage, amas de fer.
Voyage parmi les sphères,
Seringue, petite cuillère,
Extase, poudre de lumière.
Voyage jusqu’aux tréfonds,
Chagrin, blessure au front,
Une balle, un petit rond.
D'ivresses en destruction,
Suicide accordéon,
Pastis en injection.
Ces gens loin des paillettes
Qu’on pleure et qu’on regrette
Dans un coin de la tête,
En habit de squelette,
Dorment au fond d’une cachette
Sous des pieds de violettes.
Et nos vies continuent,
Nos vies de « m’as-tu vu »,
De bons vivants ventrus.
Puis le temps révolu,
S’effacent les aperçus
De ces amis perdus.
DRK