Les chiens rouges
Les chiens rouges courent au milieu de la plaine
Dans l’herbe grasse et verdoyante du printemps.
Ils jouent.
Ils jouent comme des enfants,
Remplaçant les rires par de joyeux aboiements.
Ils sont dix à bondir dans le vent
Mordillant au passage l’extrémité d’une patte
La peau d’une gorge écarlate.
Las, enfin, ils se couchent dans le trèfle
Et dévoilent dans un sourire étrange
La chair sombre d’une langue aux reflets de violettes
Sertie de longs crocs lactescents.
Puis ils s’écroulent sur le flanc et rêvent
En laissant voguer leur regard jaune dans l’air du temps.
Les chiens rouges ne sont pas méchants
Et c’est bien malgré eux que leur gueule se remplit de sang
Quand l’heure de la lune vient réveillant la faim.
Ils courent.
Ils courent comme vampires terrifiants,
Remplaçant les cris par de furtifs jappements.
Ils sont dix à s’élancer dans la nuit.
Devant eux, quelque chose se meut et fuit.
Ils courent les crocs en avant,
Prêts à mordre tout ce qui a peur et à goût de sang,
Prêts à dévorer tout cœur encore palpitant.
Puis, repus, la peau du ventre distendu,
Ils disparaissent dans un sous-bois
En file indienne, à petits pas.
DRK