Que faire de tous ces mots ? Chiffonnés, ils le sont avant de naître ; tendres sépales dans le bourgeon comprimés. Ne faut-il pas être recroquevillé avant d’oser l’ouverture, accepter les cocons successifs précurseurs de déploiements, attendre l’éclosion ?
À cet instant seulement – qui n’accepte aucune précipitation – chaque fibre offerte à la vie s’oxygènera.
Parfois le repli terminal surprendra l’homme avant sa naissance… combien sommes nous vivant une existence intra- terre- utérine ? Souffrance de gestations qui dépassent le terme… dans l’ inconfort coulent les années tristes de rêves inassouvis.
La vieillesse accueille l’homme de retour au flétrissement premier, un autre appel à l’oxygène de l’eau, une attirance de sel… un temps de feu qui aligne la vie sur la matière desséchée, sans envie.
Peut-être vivons-nous sur terre pour apprendre à exprimer au mieux dans notre enveloppe corporelle l’oxygène de l’air, mais le désir de mots se place sur un autre corps il est d’esprit… J’imagine, douce folie poétique, une enveloppe impalpable de finesse, une enveloppe de lumière qui elle aussi aspire à détendre sa surface. Si je ne la défroisse pas, ma naissance n’aura jamais eu lieu, ici, comme mon enfant je serai morte avant d’être née.
Les mots se lisent en mode son et lumière, ils empruntent de prunus en prunus l’écho rose que le Printemps diffuse et dans la clarté d’une larme se déclinent toutes les valeurs. La plus pure est celle que la nature choisit à chaque saison.
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