Sous le drap crissent les ombres
-hydres et serpents sont du nombre.
Dans mes cheveux emmêlés
Une masse velue fait son nid
Et pend mon âme à ses crochets :
J’entends une voix lointaine
Me susurrer que je suis sienne.
Des eaux furieuses et brûlantes
Portent un étrange esquif
Sur leurs vagues démentes :
Des tibias croisés assurent l’assemblage
La voile est de chair veloutée appelant le baiser ;
A la proue cliquète encore ta main.
- Je me hisse à bord, espérant le rivage.
Sous l’écume nage une escorte grotesque
Toute de rires édentés et d’yeux crevés ;
Sa bave sur ma peau m'est sinistre présage
Mais ce n’est encore rien et je défaille
Lorsque s’approche un odieux équipage,
Aux tentacules roses retenant des entrailles
Qui caressent à plaisir mon sein blessé.
Un songe s’est abattu
Sur ce radeau maudit …
Je ne sais plus qui je suis
Je ne reconnais ni les cieux ni la terre,
Seule compte l’emprise familière
De la démence où je me réfugie,
Ecartelée sans un cri.