Dans la boue d’une mort différée
Derrière les murs j’ai couru me cacher
Honteusement je pleure en vain
De fragiles mots sur des îlots lointains.
Les mots cruels des jours de suie
D’un suaire imputrescible emprisonnent mon âme :
Je ne peux oublier ton silence et l’ennui
Ni la douleur toujours béante où je me damne.
Le désespoir des abîmes offre en cadeau nuptial
Une aube solitaire et glaciale,
Hideuse compagne, créature frémissante,
Tu es née de la fange et je te sais vivante.
Aux flancs d’une chimère git un golem de sel
Dont les plaies apparaissent chaque jour nouvelles.
Une main tyrannique veille à ce que la gestation
Ne dure pas plus d’une infernale saison.
Jamais je n’oublierai cette douleur aiguë,
Insane frottement d’une peine absolue
Et ne saurai nier le don des heures farouches
Où je me courbais jusqu’à frôler ta bouche.
Abandonnant mon orgueil je tente tous les mots
Pour enfin me livrer brutale et en sanglots ;
En un appel vibrant je peindrai sur ton front,
Suppliante novice, les haïkus de la déraison.