Les misérables mots aboient tout leur content,
ils croient être, au dedans de nous, une fenêtre,
de nos coeurs discordants le miroir, ils croient être
la voix. J’ai cru en eux, pour mon malheur, longtemps.
Seuls les gestes parfois peuvent être entendus :
les mots sont maladroits à peindre la mouvance
de l’âme, haine et amour bien souvent confondus.
Ils trahissent. Les mots n’ont pas de transparence.
Marie-Claire, les mots se refusent à l’âme
dans un monde sans arbre, et de murs et d’autos.
Le monde d’un poète est fait d’une autre trame :
on y aime rêver entre le ciel et l’eau.
Le printemps qui s’en vient et monte dans les branches,
au dehors fait chanter des oiseaux sans chagrin,
le printemps au poète est comme une revanche.
Je vois ma montre : il est six heures du matin.
Extrait de L'entrée dans le paysage /Besançon/1975