- La lune et les étoiles sont particulièrement belles cette nuit.
- Messire Betula ! Ô pardon Tristis, oui le ciel est magnifique.
- Comme je suis contente que vous soyez encore là. Heureusement ils ne vous ont pas coupé comme les autres arbres tout autour. Je ne sais pas comment j’aurai vécu cette perte.
- Il y aurait eu un nouvel arbre, un petit que vous auriez vu grandir.
- Tout comme vous, je me rappelle lorsque je me suis installée ici vous étiez au niveau du troisième étage maintenant vous dépassez largement le toit de l’immeuble. J’aime la lumière de la lune qui filtre à travers vos branches.
- Il y a, je ne sais quoi dans le souffle du vent, comme une pensée différente cette nuit, serait-ce de la mélancolie…
- J’ai juré de ne plus ressentir de la mélancolie à l’approche de l’automne. J’ai menti, pour la promesse ce n’est pas possible. C’est même plus difficile d’années en années. Moi qui pensais m’endurcir avec les épreuves de la vie, je suis devenue tout le contraire, plus sensible et plus fragile, surtout dans mon cœur. Et j’ai peur, Tristis, de ce qu’il devra encore endurer et s’il pourra encore le supporter.
- Il traversera ce qu’il doit traverser.
- La lune a disparue derrière l’immeuble, elle en avait assez de notre conversation débile.
- Débile !
- Pas la vôtre Messire, mais la mienne. Qu’est-ce que je peux être conne ! C’est comme la poésie. Je ne l’ai jamais vraiment aimé. Les sonorités des mots, les images qu’ils font naître dans mon esprit, les émotions qu’ils me font vivre, ça oui.
Dans ces moments-là, un poème me fait le même effet qu’un morceau de musique, une chanson qui me fait vibrer, me sentir en vie quoi. Comme si rien d’autre n’existait à part elle et qu’à travers elle j’étais. Un point ridicule dans l’immensité du tout.
- Ne perdez jamais le fil. Ce lien qui vous relie à tous les êtres comme des fils d’argent. Ils sont précieux.
- Je vois. Ces liens que nous tissons par des échanges, des partages. Ils ont l’air de rien pourtant… La lumière du pallier s’est allumée. Le voisin du dessus rentre du travail. Mais alors il est déjà minuit passée ! Un membre a son anniversaire aujourd’hui. Je vais lui laisser un petit mot au refuge même s’il mettra du temps à le lire ou même s’il ne le lira peut-être jamais, juste pour écrire que des personnes pensent à lui. Messire Tristis, Messire… Merci.