Nous aurions inventé le monde à la façon
qui est la vôtre : j’ai de vous tout à apprendre,
comme on fait d’un enfant qui découvre le monde,
vous m’auriez guidé dans vos paysages tendres.
Ce paysage de montagne qui est le vôtre,
vous m’en auriez parlé dans nos longues soirées,
ce paysage-là, auquel vous ressemblez,
et que vous préférez, dites-vous, à nul autre.
Je vous aurais menée aux pays dérisoires,
où j’ai pour trésors des phrases que l’on m’a dites,
le souvenir d’une Lorraine sans histoire,
la Meurthe et ses parties de pêche et pique-nique.
Oh ! comme un homme se résume à une idée
d’un bonheur ressenti un jour de ses dix ans !
Comme il va chercher à retrouver ce moment :
le ciel de juillet sur les peupliers !
extrait de Dialogue sans espoir /Besançon/1975