Je portais sur le dos ma besace pleine de temps
J’étais alors si fier, torse en avant, visage au vent
Pensant qu’à tout jamais il en serait ainsi
Mais ce n’était, je crois, qu’un bien bref sursis.
Un jour sur la jetée, flânant, humant la vague
Je sortis de mon sac mon tabac de sa blague
Une grosse bouffée emplissant mes poumons
Je me sentais si bien jouant dieu et démon
Un passant qui surgit, à l’allure empressée
Ne sut pas m’éviter, hélas ce fut un heurt
Ma besace s’ouvrit, mon temps fut dispersé
Les badauds égoïstes riaient de mon malheur
Des curieux s’emparèrent de cette denrée précieuse
Allant jusqu’à m’offrir des objets en échange
C’est ainsi qu’aujourd’hui, ce n’est pas chose étrange
Mon temps n’est plus à moi, adieu mine rieuse.