Un train a percuté ma tête,
Mon œil gauche est le tunnel
Ouvert à ses wagons obsolètes
J’entends siffler comme un appel
L’acier hurlant sur les traverses
Lorsque cornait dans la brume
La symphonie perverse
De mes journées d’enclume
J’ignorais que j’étais sur le quai
Et j’ai été surprise
À composter mon billet
Au guichet des matières grises
Je ne sais pas qui conduit ce bazar
Tortillard ou micheline
C’est à peine si je devine
Sa gueule noire
Il y a le wagon de tête
Peut-être que c’est moi
Allongée sur la banquette
Roulant une peur entre mes doigts
De vieilles lampes pour le décor
Derrière les vitres des paysages
Des forêts des rivages
Reflétés sur mon corps
J’ignore ce que j’attends
Tout prend de la vitesse
Dans le tambour obsédant
Du convoi qui me traverse.