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 Nos détériorations

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AuteurMessage
quelemondeestbeau
Poète
quelemondeestbeau

Messages : 417
Date d'inscription : 30/04/2011
Age : 27
Localisation : Neverland

Nos détériorations Empty
MessageSujet: Nos détériorations   Nos détériorations EmptyLun 6 Juil - 18:12

Je me souviens d'une époque pas si lointaine que ça.
Une époque qui m'a vue grandir.
On disait : « Bonjour monsieur » au professeur et « Merci » à la cantinière.
On lisait des livres papier sans imaginer la révolution que serait la liseuse électronique.
Les professeurs avaient encore l'espoir qu'on lirait les livres proposés.
Ça fait longtemps qu'ils ont abandonné l'idée désormais.

Je me souviens, j'étais une adolescente.
Au fond, je le suis encore un peu : j'ai seulement dix-huit ans.
Oui, mais déjà, je commence à dire que c'était mieux avant.
Que mon époque n'a rien à voir avec ce que je vois aujourd'hui.
Et pourtant, le fossé des années n'est pas si profond.
Trois ans, quatre tout au plus.
C'est rien dans une vie.
Mais ça suffit pour creuser un fossé générationnel.

« Tu es une vieille dans un corps de jeune »
Apparemment, être vieux, c'est aimer la musique d'avant et les livres des siècles passés.
Aujourd'hui, être vieux, c'est avoir l'audace d'être poli.
C'est avoir l'audace de sourire au chauffeur du bus ou à la boulangère.
Nos adolescents ont une drôle de façon de voir les choses.
Peut-être comme nous à leur âge.

Après tout, à leur âge, on n'imaginait pas qu'il se passerait le quart de ce qu'il s'est passé.
On n'imaginait pas qu'on aurait droit au onze septembre ou à Charlie Hebdo.
On n'imaginait pas que tant de violence pouvait être possible.
On la pensait révolue, cette violence.
Enterrée, quelque part entre le fascisme et l'esclavage.
On ne pouvait savoir que notre monde n'était pas aussi beau que nous le pensions.
Ou peut-être qu'on ne voulait pas savoir.

J'ai fait partie de ces gens qui disaient que c'était mieux avant.
Que tout était mieux avant.
La musique, la littérature, le théâtre, le cinéma.
La vie même.
J'ai fait partie de ceux qui voyaient le verre à moitié vide se vider lentement.
Je croyais voir le monde partir à la dérive.
J'étais désespérée en voyant ces jeunes qui devaient être notre avenir.

Et puis, j'ai réfléchi.
On m'a fait réfléchir.
On m'a fait comprendre.

J'ai vu des jeunes rejeter la littérature des plus grands.
J'ai entendu la musique qu'ils écoutaient durant leurs soirées.
Et j'ai confondu cas particulier avec généralité.
Cette majorité ne définit pas les jeunes d'aujourd'hui.
Parce qu'il subsiste une minorité qui n'a pas oublié Molière et Mozart, les Beatles et Balavoine.

De mon temps, au début des années 2000, nous n'écoutions pas tous de la bonne musique.
Mais nous avions conscience qu'elle existait.
Nous regardions les gros films d'actions américains.
Tout en sachant qu'un cinéma plus profond était possible.
Tous les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas des incultes.
L'espoir est permis.
Comme il l'était de notre temps.

J'ai vu ces deux générations.
La mienne et celle des jeunes d'aujourd'hui.
J'ai été le témoin de ces deux époques.
J'ai cru voir ma génération disparaître, s'évanouir pour donner naissance à celle d'aujourd'hui.
Je m'étais trompée.
Elle n'a pas disparu, elle a évolué.
Elle ne s'est pas évanouie, elle a changé.

Je voyais le monde avec des yeux d'adolescente.
Désormais, je le vois avec des yeux d'adulte.
Peut-être est-ce pour ça que j'ai cru y voir une détérioration.
Chaque génération a cru que la génération suivante n'était qu'une détérioration.
Mais que serait le monde sans ces détériorations ?
« Détérioration », c'est notre manière de parler des changements.
Des changements qui nous font peur parce qu'ils s'opposent à ce que nous avons toujours connu.

Toute ma vie, je me souviendrai de ces détériorations qui ont changé le monde.
Toute ma vie, je me souviendrai de l'élection de Barack Obama.
Toute ma vie, je me souviendrai de la loi sur le mariage pour tous.
Je me souviendrai de l'arrivée de l'iPad, des premiers Walt Disney en images de synthèse.
Je m'en souviendrai.
Parce qu'elles ont été les détériorations de mon époque avant de devenir les changements d'une vie.
Parce que je suis fière de pouvoir dire : « J'y étais »
Fière de pouvoir dire que je suis fière d'être de ce monde.
Fière de penser que ma vie n'est pas finie et qu'il reste bien des détériorations à découvrir.

Fière d'être témoin de cette époque et de penser que l'avenir n'est pas aussi gris qu'on ne le pense.
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Nos détériorations

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