Part 6 : La tragédie.
Miyuki s’était réfugiée sous les chutes d’eau. Elle voulait être seule. Seule dans son immense chagrin, et, pleurer, pleurer toutes les larmes de son corps. Elle n’aurait pas supporté de voir ses amis Shika et Byakko affligés par la tristesse de son cœur brisé, voué à la tourmente éternelle d’un amour impossible. Elle n’a jamais su combien de temps elle était restée là, assise recroquevillée contre la roche de l’entrée de la grotte lorsqu’elle se rendit compte que l’eau ne coulait plus. Elle s’était solidifiée. Elle emprunta le chemin de sortie par la brèche sur le flanc droit et en arrivant sur la rive elle vit une rivière de glace. Elle comprit alors que c’était sa peine de cœur qui avait provoqué le gel. Soudain, elle eut une pensée terrible, Daïki. Elle s’élança à perdre haleine pour remonter jusqu’à leur point de rencontre. A quelques mètres de la barque qui reposait sur l’eau gelée, elle s’immobilisa. Ses yeux avaient beau parcourir tout le périmètre, elle ne le voyait nulle part. Dans le fond, elle savait qu’une chose horrible était arrivée mais elle ne voulait pas l’admettre. Elle se disait qu’il était rentré chez lui à pied ou qu’il avait ressenti le besoin de marcher un peu dans la forêt. Alors des bois sortirent Shika et Byakko. Ils lui demandèrent de les suivre. A leurs expressions, Miyuki su. Un cri traversa toute la région et se fut le dernier son qui sortit de sa bouche. Elle était tombée à genou, les deux mains appuyées contre la glace qui tel une vitre lui offrait un spectacle lugubre et terrifiant, son bien aimé les bras tendus vers elle, la bouche ouverte, les yeux vides, enfermé et figé par le froid glacial qui l’avait retenu prisonnier des eaux…
- Mais c’est atroce grand-père ! Elle ne pouvait pas savoir ce qui allait se passer ! Quelle horreur ! Comment a-t-elle pu survivre à une abomination pareille ! Et mon cauchemar alors que veut-il dire ? Tu m’as assuré que nous n’avions rien à craindre ! L’esprit de l’eau n’a rien pu faire pour le sauver ?
- Calme toi mon petit. C’est vrai, c’est une tragédie, mais c’est arrivé et on ne peut rien changer au passé. Et l’esprit de l’eau s’est manifesté à elle…
Il lui expliqua qu’il n’avait rien pu faire, il était arrivé trop tard, la glace s’était déjà refermée sur le pauvre jeune homme et que son pouvoir n’était pas assez grand pour la briser afin de le délivrer. Il l’a prit dans ses bras en la serrant très fort contre lui. Puis, lui raconta que Daïki voulut absolument reprendre la rose car elle était devenue chère à son cœur, le trésor du souvenir de sa douce qu’il aimait par-dessus tout. Et, la fleur reposait intacte au fond de la barque. Miyuki s’en saisit. Elle avait une épaisse couche de givre et elle brillait de mille éclats sous le soleil pâle du début de l’hiver. Miyuki quitta les lieux sans un mot en direction de la grande montagne celle dont le sommet se dressait bien plus haut que les nuages de la voûte étoilée. Elle s’y installa en solitaire et n’adressa plus jamais la parole à qui que se soit, pas même à sa famille. Elle communiquait avec eux par l’écriture. Dans son premier message transmit à son père, elle exigea de régner sur le domaine des hautes sphères par delà des nuages au dessus de la terre en contre partie elle accomplirait son devoir de l’esprit de l’hiver seulement et uniquement dans ce lieu qu’elle ne voulait quitter pour rien dans le Cosmos. Son père le lui accorda. Ses trois frères emplis de compassion pour leur jeune sœur demandèrent à leur tour d’avoir leurs places aux côtés de Miyuki pour perpétuer le cycle des saisons. Cela également le père approuva, il n’avait guère le choix. Et ainsi, la terre tournait aux fils des années sous le règne des enfants du couple du ciel.