Ce matin, un voile blanc a recouvert mon monde et j'ai laissé mon empreinte sur cette pureté.
Pouvais-je faire autrement que de laisser éclater mon plaisir à regarder la transformation de mon paysage habituel, pouvais-je seulement imaginer que cette neige allait tomber ce matin, habillant si parfaitement tout ce que j'avais abandonné en dehors de ma maison ?
Malhabile d'ordinaire, je me suis attaché à laisser des traces délicates, sans fouler deux fois le même endroit, content de voir que je pouvais tracer ma route en inventant sans cesse de nouvelles trajectoires .
Et quand cette neige aura disparu ? Serai-je moins capable de marcher sous le soleil, serai-je moins heureux ? Cette question insensée ne m'a pas tourmenté longtemps. J'ignore tout de l'avenir et cela ne m'empêche pas de bien vivre le présent, je ne sais même pas si je me réveillerai le lendemain et cela ne m'empêche jamais de m'endormir. De la même façon que mon passé a été construit avec mon futur, ce qui adviendra sera l'aboutissement, passager, provisoire ou définitif de mon histoire.
Le froid soudain m'a saisi, est-il nécessaire d'avoir une certitude pour vivre, autre que cette conscience déjà jolie que je vis ? Qu'est-ce qui permet de me rassurer en dehors de mes sens, en dehors de l'expérience du plaisir de voir cette neige, d'attendre le soleil, de découvrir des routes nouvelles, d'explorer de nouvelles manière de créer, de parler, de sourire, d'aimer ?
À cette idée, je me suis réchauffé rapidement et je me suis promis d'en parler à mon amoureuse, bientôt.
J'essaierai de comprendre avec elle pourquoi aucune incertitude n'entachera jamais ce bonheur pur dans lequel nous laisserons nos empreintes, ensemble.