Chapitre Sept
- OK ! J'ai compris !
Je descendis de son dos. S'il le pouvait, je suis sûre qu'il sourirait. Je le regardai droit dans les yeux.
- Ecoute-moi bien, l'autruche : si tu refuses d'avancer, je t'abandonne ici avec les loups !
Le Chocobo regarda le paysage et baissa la tête. Nous étions dans une immense plaine gelée.
- Mais qu'est-ce que tu crois ? Moi aussi, j'ai froid ! m'exclamai-je. Mais moi, je n'ai pas de plumes !
Il semblait sur le point de pleurer. Si les Chocobos savaient pleurer, bien sûr. Je soupirai. Je craque trop facilement.
- Bon... Je vais marcher à côté de toi...
Je saisis sa longe. Nous marchâmes. Longtemps. Je m'arrêtai, les pieds complètement gelés dans mes bottines.
- J'en ai assez ! Où est ce fichu pont ?
Le pont dont je parlais, c'était le Pont de l'Adversité. Il menait directement au Monastère de Rivelgauge. J'ignorais encore pourquoi j'avais décidé d'aller là-bas. J'appréhendais mon arrivée. Qui sait ce qu'allaient penser les moines ? Et puis, ma mère y avait été tuée...
Mon corps était gelé. Je m'effondrai dans la neige, incapable de faire un pas de plus. Le moindre geste me faisait souffrir le martyr. Mon Chocobo m'observait, inquiet. « Depuis quand les autruches s'inquiètent-elles ? » pensai-je en souriant.
Je regardai mes mains et constatai avec effroi qu'elles étaient bleues. Bleu comme les loups qui rôdent dans les Champs de Neige. Bleu comme ceux que je voyais au loin devant moi. Bleu comme les loups qui se léchaient les babines en me voyant. Si telle est ma fin...
- Natacha !
Je levai péniblement la tête sans toutefois voir qui m'avait interpellée.
- Natacha, ne bouge pas !
Un éclair bleu azur vint balayer les loups, qui continuaient d'avancer vers moi. Après s'être relevés, ils s'enfuirent. Tous. Une voix différente de la première me réprimanda :
- Combien de fois t'ai-je dit de mettre des pulls plus épais et un manteau ?
- Denko... soupirai-je.
Quelqu'un me souleva et je n'opposai aucune résistance. Un violent frisson me parcourut. J'avais de la neige sur les bras et les jambes et mes vêtements étaient trempés.
- Il faut qu'elle se change...
Cette voix était celle de Grégory.
- Je vais la porter, poursuivit-il d'une voix calme.
- Elle est gelée ! ajouta nerveusement Denko.
Je levai les yeux sur le visage parfait de Grégory. Je me sentais si peu attirante à côté de lui.
- Je vais bien... murmurai-je. Vraiment, je...
Il me fit taire d'un geste de la main. Il désigna un Chocobo du menton. En fait, il y en avait deux.
- Où est le mien ? demandai-je.
- Il s'est enfui, me répondit Grégory.
Denko et lui m'aidèrent à monter sur un Chocobo. Le Selkie monta sur l'autre. Grégory nous regarda.
- Tu ne nous accompagnes pas ? soufflai-je.
- J'ai... quelque chose à... vérifier... dit-il d'une voix peu assurée.
- Où veux-tu aller ? me demanda Denko.
J'hésitai à répondre.
- Au... Monastère...
Il me toisa, étonné.
- Je croyais que tu ne voulais pas t'y cacher.
- Je... J'ai besoin de savoir ce qui est arrivé à... ma mère.
Il hocha la tête. Je sortis de ma poche le petit éclat de cristal rouge, pas plus gros que mon ongle.
- Grégory ne sait pas grand-chose sur ce... cet étrange éclat. Les moines nous en apprendront peut-être plus, j'espère. Au fait... Où est Grégory ?
Denko fixa l'horizon. Il était parti...
Nous partîmes vers Rivelgauge. Nous traversâmes le Pont et arrivâmes à destination. Je descendis de ma monture, chancelante, avant de m'effondrer.
- Natacha !
- Ma tête... gémis-je.
Un douloureux mal de crâne avait envahi ma tête. Je voyais double. J'entendis vaguement Denko dire quelque chose, comme quoi il fallait m'emmener à l'intérieur mais sous le tambour incessant qui résonnait dans mon crâne, il m'était difficile de tout comprendre. Je m'évanouis. Encore une fois.