Chapitre Seize
La pièce était remplie de Selkies, et beaucoup avaient été cristallisés. Certaines femmes étaient assises par terre et pleuraient la mort de leur frère ou de leur mari. Une des femmes leva la tête. Je reconnaissais cette femme : alors que Vaigali avait été comme un père pour moi, elle avait été comme une mère pour moi. Son nom est Deliahna. La voir ainsi souffrir me faisait terriblement mal. Son fils avait été tué.
J'eus une sorte d'illumination. Je me tournai vers Grégory :
- Greg, par quoi se caractérise un « cristalliseur » ?
- Oh... (Ses yeux me fixèrent avec intensité.) C'est la première fois que tu m'appelles Greg...
Je soupirai.
- Cela ne répond pas à ma question.
- Hum ? Ah, un « cristalliseur »... Son bras, droit ou gauche, est entièrement cristallisé, et il peut tout transformer en cristal en touchant avec la main de ce bras. Attends... Tu penses à ce que je pense ?
- Si nous pensons à la même chose, répondis-je avec une voix rauque, nous devons les libérer, et vite.
Nous sautâmes du balcon. Grégory ralentit sa chute grâce à ses pouvoirs. Quant à moi, je me raccrochai à un tuyau, avant de retomber sur le sol, le plus naturellement du monde. La tribu accueillit chaleureusement Grégory, qu'elle considérait déjà comme son sauveur. Personne ne vint me voir. Personne ne félicita mon courage. A part une personne. Deliahna.
- Natacha, cela fait si longtemps... dit-elle avec mélancolie.
- Je suis désolée d'avoir fui. Mais je risquais ma vie en restant à la Guilde.
- Je sais. (Puis elle ajouta, en réponse à mes regards tristes vers les autres Selkies qui entouraient Grégory : ) Ne t'en fais pas. Ils ont peur de venir te voir. Mais la plupart sont très heureux de te revoir, j'en suis sûre.
- J'ignore si tu as raison Deliahna, répondis-je en haussant les épaules. Mais je l'espère.
Je m'éloignai d'elle et allai à la rencontre de Grégory. Les Selkies reculèrent vivement, comme si j'étais le diable, ou Jegran. Nous élaborâmes un plan de sortie. Et ce qui devait ne pas se produire se produisit : Jegran rentra dans la pièce.
- Tiens... Natacha...
Il s'avança vers moi et tendit sa main rouge.
- Un porteur de cristal n'a pas le droit d'entrer dans l'armée, déclarai-je, légèrement tremblante.
Jegran rit doucement et continua d'avancer. Je jetai un regard terrifié à Grégory. Jegran suivit mon regard.
- Alors comme ça, la vaillante Natacha a besoin de son chevalier servant ? railla-t-il. Tu vas mourir, ma chère, tu vas mourir...
Il eut un rire diabolique avant de s'élancer vers moi. Grégory me bouscula et envoya plusieurs tuyaux cassés dans la tête du Lilty. S'ensuivit un combat impitoyable. Grégory tentait tant bien que mal d'éviter les salves envoyées par Jegran et faisait de son mieux pour mettre à terre son ennemi. Les Selkies restaient immobiles, paralysés par la peur. Je me ruai vers eux.
- Il faut l'aider ! leur criai-je. Il va se faire tuer !
- Mais... Nous allons être cristallisés... avoua timidement une jeune fille.
Je secouai la tête d'agacement avant de saisir d'éventuels projectiles sur le sol. Je les fourrai dans les mains des Selkies, qui comprirent tout de suite. Ils se mirent à lancer tout ce qu'ils pouvaient sur Jegran. Une barre de fer, lancée par l'hercule des Selkies, atteint Jegran dans le ventre et le bloqua à terre. Grégory profita de ce moment de répit pour s'approcher de moi.
- Vous devez fuir... me dit-il.
- Pas sans toi, répondis-je avec assurance.
Il me fixa sans rien dire. Je détournai la tête.
- D'accord, mais... Fais attention à toi...
Je hochai la tête. Jegran s'était relevé et il était plus que furieux. J'encourageai les Selkies à continuer et me joins à eux pour lancer des bouts de tuyaux, de poutres...
Le combat fut très long, mais aucun Garde lilty ne vint. A bout de forces, Jegran tenta une dernière attaque avant de s'effondrer par terre. Grégory se hâta de transporter tout le monde sur le balcon supérieur. Nous ne prîmes pas le risque de passer par la porte que Grégory et moi avions emprunté précédemment. Nous passâmes par la porte opposée, qui menait à un pont extérieur.
Une fois à l'extérieur, je m'exclamai :
- On a oublié Denko et Mynt !