Alchemy Poètes
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Alchemy Poètes

Poèmes, nouvelles, pensées et autres.
 
AccueilRechercherS'enregistrerConnexion
-20%
Le deal à ne pas rater :
Drone Dji DJI Mini 4K (EU)
239 € 299 €
Voir le deal

Partagez
 

 Quiche froide et cie / 6

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Baba yaga
Poète
Baba yaga

Messages : 950
Date d'inscription : 06/07/2011
Age : 52
Localisation : au fond d'un bois de blancs bouleaux

Quiche froide et cie / 6 Empty
MessageSujet: Quiche froide et cie / 6   Quiche froide et cie / 6 EmptyVen 18 Nov - 15:19


ça vous dit, du rab' de quiche? Smile

6. Où la narratrice trouve ce qu’elle ne cherchait pas et vice versa.

8 novembre 2010
Il fait froid. Pas un de ces froids romantique, bise frivole portant en son sein promesses de feux de bois aux odeurs piquantes, et feuillage chamarré du chant de l’automne.
Non.
Un froid, si j’osais le pléonasme, glacé. Qui me glace. Comme je suis glacée devant ton regard vide chaque matin. Ton regard vide de tous les matins, de tous ces matins où tu ne dis rien où tu manges en silence, gardant les yeux baissés, de toute la force de ta volonté ; ce froid qui me met le cœur à l’envers quand tu mets, toi, toute ton énergie à ne pas me rencontrer ; difficile, quand on partage un 50 m2.
J’ai bien monté les radiateurs, mais l’humidité s’insinue dans les murs, dans mes os, sous ma peau ; j’ai peur que la petite ne s’enrhume. Je dois me battre pour qu’elle garde quelque gilet sur sa robe légère, elle est fée, ne semble pas comme moi sensible au froid ; mais, comme moi, elle est sensible à bien d’autres choses, qui ne se voient pas. Tu crois qu’elle ne le sait pas, que tu ne m’aimes plus ; tu crois qu’elle ne le sait pas, que tu rentres chaque soir un peu plus tard ; tu crois qu’elle ne le sait pas, que nous vivons dans la misère. Oh, pas cette misère-là, pas celle que toi tu as connue, tu m’en as suffisamment parlé, de celle-là, de ces pièces glaciales où vous vivotiez…non, même si notre confort est sommaire, tu ne me battras pas pour un peu d ‘électricité consommée. Je parle de l’autre, de la misère des cœurs : tu crois qu’elle ne le voit pas, moi je sais qu’elle le sent. Je ne suis pas sa mère, pourtant, mais moi, je le sens. Elle ne le montre pas, peut-être veut-elle nous protéger aussi de cette réalité-là.
J’entends ta clé dans la serrure, tu rentres tôt, pour me faire mentir ; je ne peux m’empêcher mon corps d’exulter ; je sais qu’il sera déçu, que tu ne me prendras pas dans tes bras, comme autrefois, il y a si longtemps, c’était l’année dernière c’était la semaine dernière c’était hier… mon cœur s’accélère, je n’ai pas encore pu le régler, lui apprendre à t’ignorer ; il continue de battre au rythme de tes pas sur le plancher…bien sûr tu te diriges vers sa chambre, je t’entends qui parle tendrement, ta voix se fait promesse d’avenir , porteuse de cadeaux miraculeux, d’espoirs insensés… cette tendresse qui ne m’est plus destinée me blesse ; je préfère me glisser silencieusement dans la salle de bain, pieds nus sur le carrelage froid. Je fais bruyamment couler de l’eau, joue au jeu de « tu es rentré ? Je prends un bain, fais chauffer le dîner… »… tout plutôt que te laisser entrevoir que toute entière je frémis encore à ta voix…à tes gestes…à tes pas…et tout à l’heure, quand je sortirai, tu seras déjà attablé, l’enfant sur les genoux, tu la regarderas elle, je la regarderai aussi et ainsi nous nous jouerons la comédie jusqu’à ce que nous soyons couchés, toi tourné vers le mur, et moi, emmurée.

15 mai 2009
La maison est vieille mais elle conviendra. Pour l’instant l’enfant dormira avec nous, tu parles de refaire la seconde pièce ; pourquoi pas. L’aventure me paraît folle, mais quand je te regarde, tu me parais fou aussi, curieusement cela me rassure : je ne peux te regarder bien longtemps sans sombrer dans ta folie.

28 juin 2009
Jamais je n’ai connu cela. Tu me répètes que je suis tienne et je le crois. Moi qui n’ai jamais appartenu à personne, ni même à moi. Voilà que tu comptes bâtir nos jours sur cette folie.
-c’est ainsi.
Ta fille dort contre moi.



Je m’arrêtai de lire ; cela n’était pas pour moi. Chui p’être capable de pomper mes idées sur le net pour le boulot, mais là, entrer dans l’intimité de cette nana…pour le coup, c’était pas net, du tout. En même temps…juste un coup d’œil m’avait permis de voir qu’il y en avait encore, des pages et des pages comme celles-là ; certaines antérieures, d’autres plus récentes ; la plus récente…voilà, elle datait…de la semaine précédente. C’était une sorte de journal intime, en fait, des pages word enregistrées dans un dossier, mais sans ordre apparent ; tout ce qui est de plus classique, bizarre qu’au bureau je ne sois pas parvenue à l’ouvrir. Enfin heureusement plutôt car comment j’aurais expliqué alors ce qui s’y trouve, ce n’est pas à moi, comment cela s’est-il retrouvé en ma possession…et comment le restituer à son –plutôt sa, d’ailleurs- propriétaire ?

Peut-être que si je continuais à lire, j’aurais un nom, une adresse.
Je pourrais alors discrètement renvoyer cette fichue clef; non pas que j’en ai trop envie d’ailleurs, c’était à cause d’elle que j’avais planté ma présentation, et que j’avais dû affronter les quolibets implicites au coin café, et surtout le regard déçu du boss… A cause d’elle, il fallait qu’je trouve une explication pour justifier ma défaillance, moi qui me fait un point d’honneur d’être l’ irréprochable professionnelle qu’il attend de sa belle Isabelle… et surtout que je le convainque de m’accorder un petit peu de temps pour voir ma « vraie » présentation… que je vais encore retoucher, y passerai la nuit s’il le faut –pas grand-chose à faire de mes nuits en ce moment…- et pour rattraper le coup j’avais intérêt à être à la hauteur; voilà ce que c’est quand on s’est gamellé une fois, c’est comme les chevaux, ils évitent l’obstacle même si celui-ci n’est qu’une simple barre de bois posée au sol…bon ferais mieux de m’y mettre plutôt que rêvasser sur ces pages.

Mais j’éprouvais comme un malaise, une arrière-pensée dont je n’arrivais pas à me défaire. Peut-être tout cela était-il de la fiction, un bout de n’importe quoi ramassé sur le net…non, étrangement j’y croyais, cela me paraissait réel ; et je ne pouvais m’empêcher de me dire que si j’avais, moi, écrit ces pages, je n’aurais pas aimé les savoir perdues, entre les mains de n’importe qui.

Notez bien qu’elles n’étaient pas exactement tombées entre les mains de n’importe qui, puisque n’importe qui ce ne serait pas moi, Isabelle, 28 ans, amoureuse en secret de son patron depuis 3 ans, et actuellement délaissée par son petit copain parti suivre des études à Berlin. Pas trouvé plus près, m’a-t-il dit, sinon c’était l’Amérique latine ; me demande encore s’il ne s’est pas payé ma gueule ! On se voit une fois par semestre, d’un commun ( !) accord on a décidé que l’abstinence et la fidélité n’était pas une voie humainement possible, et voilà ; je dois dire que si cet accord peut paraître une évidence à la gent masculine, en ce qui me concerne, abstinence et fidélité auraient mieux valu , au moins j’aurais eu l’impression de lutter pour quelque chose, de me sacrifier pour la Cause d’un Amour Grrrrrandiose parce que platonique … là j’ai juste l’impression que personne ne veut de moi, et que comme ça j’ai toutes mes soirées de libre pour regarder Derrick en DVD. Ou pour lire des pages écrites par une étrangère, découvertes sur une clé USB arrivée je ne sais comment en ma possession. Quelqu’un l’avait-il glissée dans mon sac par malveillance, pour me faire rater ma présentation ? Absurde, j’aurais tout aussi bien pu sortir la vraie.
Mon épaule me lance, ouaip pas mon jour décidément ; il faudra que je me résolve à gaspiller une matinée de RTT pour aller la monter au médecin.

Tout à coup, ça y est je crois tenir l’explication ; je revois le gamin m’aider à ramasser le contenu de mon sac éparpillé sur le trottoir…dire que j’ai eu peur qu’il ne me vole ! Au lieu de ça, il semblerait qu’il ait invité une intruse dans mon bazar, cette petite clé. Je ne voyais que cette solution là ; mais le pourquoi m’échappait encore ! Et à l’évidence le gosse n’en était pas l’auteur, alors d’où lui-même la tenait-il ?

En tout cas, je peux toujours rêver, s’il n’y a pas d’indication plus précise dans le texte, impossible de retrouver ce gamin, je n’arrivais pas à me souvenir de sa tête, juste du méchant coup de guidon qui m’avait arraché l’épaule.


Revenir en haut Aller en bas
http://babayaga.centerblog.net/
Déméter
Poète
Déméter

Messages : 1029
Date d'inscription : 08/11/2010
Localisation : Bretagne

Quiche froide et cie / 6 Empty
MessageSujet: Re: Quiche froide et cie / 6   Quiche froide et cie / 6 EmptySam 19 Nov - 19:16

Intéressante l' idée de la clé !
Cette vie d'un personnage inconnu amène bien des questionnements.
Revenir en haut Aller en bas
féfée
Poète
féfée

Messages : 2481
Date d'inscription : 10/11/2010

Quiche froide et cie / 6 Empty
MessageSujet: Re: Quiche froide et cie / 6   Quiche froide et cie / 6 EmptySam 19 Nov - 21:59

J'aime !!! sunny
Revenir en haut Aller en bas
lutece
Administrateur-Poète
lutece

Messages : 3375
Date d'inscription : 07/11/2010
Age : 67
Localisation : strasbourg

Quiche froide et cie / 6 Empty
MessageSujet: Re: Quiche froide et cie / 6   Quiche froide et cie / 6 EmptyLun 21 Nov - 8:28

Je suis impatiente de lire la suite de cette nouvelle vraiment très prenante. J\'aime !
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé




Quiche froide et cie / 6 Empty
MessageSujet: Re: Quiche froide et cie / 6   Quiche froide et cie / 6 Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Quiche froide et cie / 6

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Quiche dominicale ! [Quiche froide et cie /17]
» quiche froide / 12
» quiche froide /13 et 14
» Quiche froide /15
» quiche froide / 7

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Alchemy Poètes :: Vos mots de Coeurs de Poètes :: Nouvelles-