Saveur des mots

Elle s'en va murmurer poèmes à la nature
souffler ses mots d’amour à la perle d’eau
qui grisolle par temps de ruisseau capricieux

La beauté ne s’éclipse pas devant la puissance
elle ne s’incline pas non plus dans la vieillesse
elle est – dans une armature pure et rebelle –
insaisissable et violente comparse

Elle profane l’aurore du cœur
offre ses larmes à ciel découvert
renaît à chaque instant du nid des douleurs

La beauté n’est pas unique
elle surprend par son pluriel
croisé sur un chemin d’ordinaire
et se dérobe à tout rêve de mainmise

La beauté... fatiguée... s’encroûte
l'iris précieux où s'affole une pupille
devient judas puis s'abandonne aux loups vifs


Griffes et dents attaquent sa cataracte
d’un rire de plume la cécité recule
et l'harmonie sourd en grappes de vie

Elle en croque un à un les grains

.

Ce poème est superbe, Déméter !
On peut livrer ses douleurs et ses émotions au clavier, être vrai, trouver et procurer du réconfort dans les mots, toucher.
Mais pour moi, écrire est va au delà- et je sais, moi, ne pas toujours avoir cette exigence .Ton texte transcende ce qu'il conte, et tes mots ont l'étincelle.

Merci Baba Yaga !
J'aurais peut-être dû retravailler après s'encroûte ?
La difficulté est, pour moi, de trouver la limite entre dire trop ou pas assez.

Au coeur du filon de poésie pure....

Merci Sérial Trublion. J'ai un peu modifié le poème...

Belles et fortes images poétiques, j'ai beaucoup aimé !

ta 2ème version me semble plus "régulière" dans sa forme . (je dis peut-être une bêtise, mais la 1ère m'était plus "étrangère*", plus directe, je ne sais pas trop comment l'expliquer. Plus brute peut-être.) quand tu as plusieurs version d'un même texte, ne peux-tu toutes les mettre? s'il te plaîîîîît [sur un ton de baba suppliante...]
* au sens de très différente de ce que moi je peux "produire", une étrangeté que je trouve dans tes mots, et qui me séduit et m'embarque.

Je remets la première version, puisque je m'en souviens.
En général, mes retouches successives je les pratique directement sur le poème d'origine dont je ne garde plus la trace.
Le premier poème est souvent plus proche de la pensée brute... après, j'en mesure le manque d'élégance et je retravaille.

Saveur des mots

Elle s'en va murmurer poèmes à la nature
souffler ses mots d’amour à la perle d’eau
qui grisolle par temps de ruisseau capricieux

La beauté ne s’éclipse pas devant la puissance
elle ne s’incline pas non plus dans la vieillesse
elle est – dans une armature pure et rebelle –
insaisissable et violente comparse

Elle profane l’aurore du cœur
offre ses larmes à ciel découvert
renaît à chaque instant du nid des douleurs

La beauté n’est pas unique
elle surprend par son pluriel
croisé sur un chemin d’ordinaire
et se dérobe à tout rêve de mainmise

La beauté parfois est tellement fatiguée
qu’elle s’encroûte

Griffes et dents attaquent sa cataracte
d’un rire de plume la cécité recule
et la beauté sourd en grappes de vie

elle en croque un à un les grains

merciiiiiiiiii [ton de baba reconnaissante ]

Avec toi Déméter...tout est poésie !
Un plaisir de savourer tes vers.

Pourquoi ce goût pour la beauté des choses et des êtres ? Laids, on s'en méfie croyant deviner dans l'apparence les signes d'une damnation.

Non Karoloth, ce n'est pas du tout ce que j'ai voulu dire. La beauté est affaire de regard porté sur le monde et les êtres qui nous environnent !

Bien sûr on peut être témoin de scènes consternantes... et il est dur de s'arracher à l'horreur de l'instant, mais il y a toujours la beauté de la vie qui appelle ailleurs.

Ce n'était pas une traduction de tes mots, simplement une réflexion que m'inspire la beauté. Je ne pense pas que la beauté soit une notion subjective. Ce qui est beau l'est généralement pour tous, tout au moins le plus grand nombre, ce qui est laid aussi.

C'est souvent cela, Karoloth...
Je n'ai pas une vision aussi tranchée des choses... mais je me surprends souvent à mettre une étiquette, alors je fouille en moi, j'observe jusqu'à inverser ma perception première.
ça m'a beaucoup aidée dans bien des situations, et même dans la pratique de ma classe.