Non loin du pont ne restait
Que l'un des deux compagnons
Depuis des années
Malgré sa disparition
Il continuait de pêcher
tentant de n'y plus faire attention
Sous le ciel tacheté
comme une peinture inachevée
Des heures durant il attendait
Qu'autre chose qu'un poisson vienne l'emporter
La froide beauté de l'eau
Semblait sans cesse l'attirer
Sans doute voulait-il tourner le dos
A l'idée que soudainement l'Autre y avait plongé
Puis un beau jour de peindre ce drame il entreprit
Et durant des semaines nul au village ne le vit
Ni nourriture ni eau n'entrait en lui
Alors que le mal semblait suinter de son esprit
De myriades de touches de pinceau il recouvrit
Une toile blanche d'où l'impensable alors jaillit
Sa peinture devant lui pris vie
Et une voix venant de nulle part l'invita de bonne heure
A plonger dans ce paysage pour oublier ses malheurs
Le monde devint alors un fantastique voile de tissu
Ponctué de tâches de couleurs totalement inattendues
Et lorsqu'il découvrit avec surprise que dans le bateau d'à côté
Son compagnon depuis si longtemps disparu avait ressuscité
Dans notre réalité dès cet instant il ne voulut plus retourner
Et se dit que le peintre impressionniste était un génie bien singulier
Je sais que ce texte n'a rien à voir avec le mois de Mars mais c'est ce que le tableau de Van Gogh m'a inspiré