Autrefois j’étais montagne
Une pierre solide et fière
Gravie par des hommes portant de lourdes besaces
Qui gardaient leurs troupeaux
Sur les chemins escarpés les crevasses
L’artiste a rêvé mon visage
Il a creusé mes flancs
Façonné mes tourments
Et m’a laissé sur la plage
Adieux aux alpages
J’ai connu les cris d’enfants
Les rires sous la houle
Les odeurs de beignets et le songe des foules
J’ai vu le ciel se renverser
Les nuages filer
J’ai embrassé des naïades
J’ai écouté des sirènes
Lorsque tu venais chanter ta peine
Au bord de la noyade
Adieux aux failles
Le temps s’est chargé de lisser
Mon vieux visage tourmenté
J’aurais voulu encor gravir
La face abrupte des souvenirs
J’ai fini par ne plus savoir
D’où me venait la mémoire
Et je reste échoué sur le sable
Sous les murmures affables
Des vagues et des vents
Adieux aux brisants.
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