Chaque matin le passé lui vomit en pleine figure son enfance déchirée. Elle s'évertue à essayer de recoller les morceaux, ajuster le puzzle au bord de ses envies, il lui manque encore et toujours la pièce essentielle.
Elle peine inutilement à la trouver car elle n'existe que dans son imaginaire, dans l' idéalisation d'une vie rêvée enfant mais elle ne reste que l'enfant qui attend.
Elle comble un vide par un trop plein de tout et de rien qui s'entassent comme des poupées de chiffons dans une mémoire défaillante, qui finira bien par oublier.
Surgissent parfois de ses enchevêtrements de pensées décousues, des fantômes oubliés l'assaillant de nules parts. Elle bloque alors toute activité cérébrale en s'agitant dans une banale frénésie d'automatismes matinaux.
Elle s'entend soudain demander d'une voix abyssale : Veux tu du café ?
Le oui tendu la rappelle à une réalité plus neutre qui l'empêche de basculer dans la manipulation de l' irrationnel, la folie n'étant jamais bien loin de l'humain.
Elle sourit de le savoir et curieusement devient chaque jour plus forte de ne pas l' ignorer.... Tellement se sont crus invincibles pour les pires leurres !
A cette maxime qu'un quelconque pourrait lui cracher au visage : On a que ce que l 'on mérite , l'ombre de ses démons...!
Elle répondra : Mérite t-on toujours ce que l 'on subit ?
Non, le café n'était décidément pas sa tasse de thé, ce thé qu'elle aimait vert et gingembre.
La journée commença...la houle laissant place à une brise légère.