« Il était une fois », ces mots avaient bercé son enfance. Elle avait depuis toujours, dévoré sans discernement tout ce qui ressemble de près ou de loin à un livre. Elle fut donc à peine surprise, quand réveillée en sursaut, elle les retrouva là, à tourner dans sa tête, derniers vestiges d’un rêve interrompu. Dans la peine ombre, elle ne reconnu pas l’endroit immédiatement, puis fut rassurée par la chaleur du lieu. Elle l’avait découvert lors d’un séminaire et y était revenue souvent. Toujours seule, s’asseyant dans le même fauteuil ouvert sur un jardin japonais. Cette auberge sans age reposait au milieu d’une forêt d’arbres centenaires, comme un écrin de verdure au coeur de la métropole. Elle se pencha à la fenêtre. Le jardin Zen rougissait du levé du soleil. Un large sourire illumina son visage, lorsqu’elle fut saisit par l’alignement parfait des trois bonzaïs géants. Elle se rappela la parabole de l’homme perdu dans la forêt, à qui l’on conseillait de choisir 3 arbres parfaitement alignés et une fois rendu au premier d’en viser un autre dans la continuité. Elle qui avait si souvent changé de cap, pendant ses études, au grès des circonstances ou du regard des autres. Pour la première fois, elle voulait apprivoiser sa vie mais le saut lui semblait vertigineux. Elle sentait que pour tenir dans les moments de doute, il lui faudrait trouver son arbre, même le plus petit, le plus rabougri, pourvu qu’il fût en ligne avec son rêve. Elle se leva d’un pas décidé, mais au moment de franchir la porte fit demi tour. Elle se pencha sur le petit bureau, griffonna un mot, puis quitta la chambre sans se retourner.
Quand la femme de chambre trouva le message, elle fut surprise de découvrir ces quelques mots tracés d’une écriture serrée : « Il était une fois, une petite fille qui voulait quitter la forêt…. »