Un cauchemar gluant me jette hors de moi-même,
Je ramène le drap sur ma poitrine,
La nuit est un intermède hostile,
Et je lutte vraiment
Pour sortir du sommeil
Les bribes de l’horreur s’attardent sur mes lèvres
Entends-tu le bruit des couteaux dans ta tête ?
La maison comme autrefois
Se blottit entre les bois,
Les forêts qui l’entourent sont partie de moi-même,
Mes pas étouffent dans la neige
L’empreinte d’un danger qui me guette
Entends-tu les couteaux dans ta tête ?
La cuisine à l’unique fenêtre
Se referme sur les joyaux de ma vie,
Ma sœur noire est là aussi,
Homonyme en souffrance,
Mon alliée dans la transe
Montant la garde tour à tour,
Nous servirons d’appât pour les vautours
La pièce s’emplit du vent putride que soulève
Un lent battement d’ailes
Je me penche à mi-corps
Pour ramener les volets rouges
Vers la menace tapie dehors
Dans chaque arbre qui bouge
Il est bien tard
Et tu dévisses
Entends-tu maintenant
Les noirs couteaux qui crissent ?
Un carnaval lointain martèle sous mon front
Des rythmes obscènes sur de vieilles chansons
Dehors pas un seul son,
La mascarade se rapproche
Ma tête vibre au bruit des cloches
Que s’est accroché aux chevilles
Le bourreau insensé qui emmène la vrille.
Entends-tu le couteau
Repasser sur la pierre ?
Voici venir l’ogre
Qui t’épouvantait hier
Quand il aiguisait ses baïonnettes
Et riait à la fête
Entends-tu le bruit
Des couteaux dans ta tête ?
Il est bien tard et je dévisse
Ce sont mes larmes qui crissent
Mon poing s’est refermé
Sur la lame affûtée
Au réveil les traces sous mes ongles
Me trahissent.