Karoloth est inscrit sur Alchemy Poètes depuis le 12 décembre 2010 et a posté 884 messages. C'est le tour de "Mister K" d'être à l'honneur dans le jardin du refuge. Ce poète aux mille et une nuances de bleu nous a suivi Lutèce et moi pour continuer notre belle aventure. Karoloth est un conteur sans égal qui nous embarque à chaque nouvelle histoire dans des aventures hautes en couleur et pleines de charme. C'est un écrivain qui a fait de la vie sa muse. Il a édité plusieurs ouvrages que vous pourrez consulter sur son site, ça vaut le détour croyez-moi !
Merci pour tous tes magnifiques textes déposés ici sur Alchemy.
Le texte que j'ai choisi pour vous parle d'autrefois Autrefois
Autrefois, le monde n'était pas ainsi,
Il n'était ni terne, ni incertain,
Et nous, enfants, marchions dans un présent ignorant la peur,
Pas celle qui nous faisait craindre les adultes et leurs terribles colères,
Pas celle non plus par laquelle nous redoutions les pluies de coups,
Les ceintures, les martinets,
Les règles de fer dont on détournait l'usage
Pour punir ceux qui n'étaient pas sages,
Mais, nous ne craignions ni la mort, ni les lendemains.
Autrefois, nous ne décomptions pas les jours,
Pas plus ceux de l'été que ceux de l'hiver
Dont le froid piquait la peau de nos cuisses découvertes,
Ils n'étaient pas non plus découpés en tranches horaires,
Hormis ceux qui nous conduisaient à l'école et nous voyaient alanguis.
En ce temps là, le jeudi était le plus beau,
C'était un jour de liberté, sans pères dans les maisons,
Sans obligation de se lever.
Autrefois était un temps de lumière et d'immensité,
Un temps d'amitié aussi où les brouilles s'oubliaient dans l'heure,
Même celles qui avaient fini à coups de poings.
Nous allions en ribambelle comme des abeilles dans leur essaim,
Et nos cris, nos rires enfantins réveillaient la rage des voisins.
Parfois, une femme se mettait à sa fenêtre et nous chassait en vociférant
Nous partions, puis revenions après quelques instants.
Non pour l'embêter, c'était là que les filles habitaient.
Autrefois, il y avait aussi d'autres saisons que celles du calendrier.
Elles apparaissaient de temps à autre
Sans que l'on sache vraiment ce qui les faisait naître.
Les saisons des billes, des osselets, des cartes à jouer
Sous les préaux fleurissaient nous entraînant dans leurs rondes.
Puis, par lassitude, elles s'évanouissaient pour céder la place à une suivante.
Autrefois, nos jeux se pratiquaient à l'air libre
Et nous entraînaient dans des courses effrénées.
Des fois, par chance nous trouvions un ballon,
Une balle ; un simple morceau de bois devenait alors une crosse.
Nous pratiquions un hockey sur goudron
qui souvent nous voyait retourner les genoux et les coudes écorchés,
Les paumes éraflées par les graviers dispersés sur le sol,
Coupables de nos glissades, de la dérobade de nos appuis,
De nos pertes d'équilibre, de nos chutes.
Autrefois, il fallait ravaler ses pleurs
Si d'aventure une blonde observait nos turbulents ébats de sa fenêtre.
Pour nous, les filles étaient un mystère,
Des êtres lointains que nous ne fréquentions pas,
Mais par lesquels irrésistiblement nous étions attirés
Malgré les barrières dressées par des adultes aux idées préconçues
A la vision étroite, au regard tordu, vestiges d'un temps révolu
Qui leur avait fait bâtir des écoles de filles, des écoles de garçons.
Autrefois, le monde n'était pas ainsi,
Il n'était ni terne, ni incertain,
Et nous, enfants, marchions dans un présent ignorant la peur.
Nous ne craignions ni la mort, ni les lendemains.
Puis vint un autre temps,
Celui des déchirures, des trahisons, des abandons,
Celui des amourettes et des premiers frissons
Celui de l'infinie solitude, de l'ivresse du cœur.
Puis... puis... le vent.