Ai-je bien fermé la porte
Qui donnait sur les eaux mortes ?
Ai-je renoncé au marais
Quand septembre m’embarque
Je vois la rivière qui s’éloigne
Je marche sur l’asphalte
A grandes enjambées
Mon âme pressée
Je compte les secondes
Chaque matin je m’ouvre au monde
Est-ce ainsi que j’ai tourné le dos
A l’indolence noire,
A l’attrait du désespoir ?
Le sentier plein de ronce
Tout à coup s’est ouvert
Je prends de la vitesse
Le vent sous mes paupières
Chante encore la trace
De mes amours fugaces
Ai-je jeté la clé
De la maison du marais ?
Septembre me veut forte
Et sous mes doigts frileux
S’esquisse peut-être un avenir
Qui se lisait hier
Entre les murs d’une masure
Devenue refuge par la force des choses
Faut-il à présent que j’ose ?
Est-ce vrai qu’elle sera là où j’irai,
Quel que soit le nom que je lui donne,
L’isba, la cabane du marais, la tombe,
La forêt au bord des ombres ?
Sur le bord de la route
Les fougères ont roussi
Et je prends mes doutes
Bagages qui roulent
J’avance aussi.