« Bonjour » ! « Bonjour » !.... Tout a commencé ainsi. Un village de pêcheurs sur la côte ouest du Sri Lanka. A la recherche de la plus vieille mosquée de l’ile. C’est vrai que l’hôtel de luxe avec toute cette orgie de nourriture, pour moi avait quelque chose d’indécent. Je me sentais coupable, oui coupable de vivre ainsi dans le luxe , alors qu’à la sortie du complexe se tenaient tous ces gens qui tendaient la main. Donc ma décision est prise, je veux voir le vrai visage de ce pays, pas la carte postale pour touristes avec cocotier et mer bleue., le cliché de l’île paradisiaque.
Dans une rue, enfin plutôt une ruelle en terre battue, je croise cet homme. Etrange de trouver un « blanc » ici, je pensais être la seule à m’aventurer aussi loin. Mais, il n’a pas l’air d’un touriste. Sur son passage des nuées d’enfants aux cheveux noirs rient et l’acclament. Quel étrange personnage. « Vous vous aventurez bien loin des hôtels » me dit-il. Je croise son regard et je sais, je sens qu’au fond de moi quelque chose est en train de se passer. Ma carapace que je croyais invulnérable est en train de s’effriter. J’ai honte, je sais que souvent je ferme les yeux sur la misère, sur les autres, mais là, c’est comme un voile qui se déchire, une lumière qui me pénètre, une grande révélation.
Il m’explique qu’il est tombé amoureux de Maradana (c’est le nom du village) et des ses habitants et que désormais il leur consacre sa vie. Sa petite association vient en aide aux plus défavorisés. Là c’est une école dont le toit s’effondre. Ici c’est une femme en larmes car son enfant à une malformation cardiaque. Et, avec l’aide de quelques mécènes généreux, il rend le sourire. Oh je les ai vu ces sourires et je crois que c’est la plus belle chose qu’il m’ait été donné de voir.
Et, peu à peu l’idée a fait son chemin, je me suis investie avec mes faibles moyens mais avec mon cœur qui s’était ouvert aux autres. Là, c’est un champ que j’ai aidé à défricher pour la construction d’une école, là c’est un paquet de cigarettes que je donnais à un pauvre bougre dont les jours étaient comptés. Je ne sais si vous pouvez imaginer le bonheur que l’on ressent à donner et surtout à recevoir. De voir une nuée d’enfants sortir de l’école, de leur école…
Mais voilà, la bête immonde a frappé. Elle a surgi de l’océan, dévastant les côtes et marquant de son empreinte les cœurs. Tout à changé. Trop d’argent, trop d ‘humanitaires qui, avec leur 4X4 rutilants ont tout perverti. Donner du matériel. Ah oui, ils sont forts mais donner un sourire, une poignée de main, ce n’était pas dans leur contrat. Je sais, je dois paraître dure mais je parle de ce que j’ai vu et ressenti.
Pierre, tu n’as plus supporté tout cela, tu as préféré « partir », c’était ton choix et je le respecte. J’espère que tu as trouvé la paix auprès de Mère Thérésa que tu affectionnais tant et qui te le rendais bien.
…Je te dis « au revoir » Pierre, tu me manques terriblement mais grâce à toi j’ai compris tant de choses et je t’en remercie du fond du cœur.
