Ce matin-là, elle ne travaillait pas. Elle prenait tout son temps pour s’habiller.
Elle enfila son collant et laissa distraitement traîner sa main sur son aine. La chaleur de son corps la renvoya à ses derniers rêves dans lesquels elle revoyait son amoureux.
- C’est lui qui a raison, pensa-t-elle, je suis une belle femme.
Il faut que je l’écoute aussi quand il me parle de moi.
En se demandant comment il avait pu lui dire cela, avec son sourire tranquille, elle vagabonda dans son histoire qui n’avait pas toujours été heureuse, entrecoupée de joies intenses et de souffrances prolongées. Elle finit par se dire qu’elle avait préservé son corps et elle en était contente.
Elle s’allongea sur le dos pour laisser l’image de son chéri la rejoindre et sa main toujours en mouvement cherchait la douceur qu’elle aimait. Ses caresses qu’elle investissait de toute sa nature de femme gourmande la plongeaient dans une belle félicité : il était là et lui souriait. Elle en éprouvait une légère frustration, elle aurait voulu sentir ses mains sur elle, entendre ses soupirs et peut-être recueillir son baiser. Au fil de ses mouvements de plus en plus précis, elle le réclamait sans honte aucune et riait de le savoir bientôt là, en chair et en éclats de rire.
Au plus fort de son émoi, elle crut l’entendre crier et le sentir s’abandonner en elle, sur elle, à travers elle et le coussin de volupté qui la transportait la déposa presque inconsciente devant sa psyché.
Elle voyait une belle femme heureuse.
Au loin, son amoureux rêvait.
Merci la vie !