Tu le sais petit frère, je t'ai déjà tout dit.
Toi qui es mon reflet, oui toi mon autre moi
De quels mots parer l'ode que je compose pour toi?
Ils sont durs à trouver, je dois aller là-bas
Tout au fond de ton âme et voir ce qu'elle créera
Avant que l'aube se lève et que j'en ai fini.

Parler de cette musique qui au fond nous unit
Me semblerait futile, tant il est évident
Que le rythme que tu chantes c'est celui que j'écris.
Alors sur quoi parler qui pourrait là vraiment
Encore nous séparer, le dernier garde fou
Entre nous, un non dit, un tout dernier tabou?

Peut-être de cet amour que j'ai du te celer,
Sans vouloir te faire mal, sans chercher à blesser,
Juste parce qu'il le fallait, je ne pouvais le dire,
Et non pas même à toi, tu vois j'ai du m'enfuir
Pour pouvoir le dompter et puis me récréer
Et oui je l'ai fait seul, et oui il le fallait !

Peut-être de ce pardon que je te dois vraiment
De t'avoir tout laissé, y compris mon courage
Et même jusqu’à mon âme, te laisser ça en gage
Sans y avoir pensé, c'était juste évident !
Même échoué en enfer tu m'aurais retrouvé,
Même du fond des ténèbres, tu m'aurais ramené !

Peut-être de ce texte qui de lui-même s'écrit
A mesure que les vers font résonner mon cri
A mesure que les larmes explosent sur mon papier
Et qui te parle de moi comme je ne l'aurais pas fait
Qui te dit mes barrières que j'ai enfin jetées
Qui te dit ce merci que je n'ai pas osé.

Peut-être bien de toi, oui de toi qui t'en vas
Alors que je reviens, la vie est ironie !
Et oui je désespère, et oui je m'en réjouis
Parce qu'alors je te perds, parce qu'enfin tu t'en vas !
Et oui je suis mère poule, je l'avoue sans vergogne,
Tu es mon petit frère, il faut bien que je cogne.

Peut-être de ta vie, qui est passée sans moi
Peut-être de la mienne qui est passée sans toi.
Est-ce important au fond? Tu étais toujours là,
Tout comme, naturellement, moi j'étais toujours là.
Ou bien du temps qui passe et me laisse pantois
De te voir grand déjà. De te voir homme. J'aime ça !

Peut-être de nos amours, toujours si compliquées.
Je te parle de Loôna, et tu me parles de lui,
Je te parle de Marie et puis, enfin tu sais,
Tu me parles de cet autre qui t'a presque détruit.
Et puis si tu es sage et moi trop défoncé,
Je pourrais même, qui sait, te reparler d'Audrey.

Peut-être d'un rendez-vous qu'on aurait toi et moi
Un jour pas trop lointain, ou plutôt une nuit
Rien qu'à l'autre dédiée, un rappel d'autrefois
Cette époque où, gamins, nous aimions tant la vie
Des promesses insensées et des folles envolées
Des disputes éternelles aussitôt oubliées.

Peut-être de mes mots qui pour une fois décollent.
Dans ma tête tout est clair, enfin je me pardonne
Et enfin je m'accepte. Et mes rimes qui s'envolent.
Sauf peut-être celle-là où j'avoue, je tâtonne.
Je te préviens au fait, ce poème sera lu,
Et allez, soyons fous ! Sera même reconnu !

Peut-être reparler de cette sale manie
Que j'ai de tout garder à l'intérieur de moi
De ne jamais rien dire, de mon regard qui fuit.
Sauf que ce n'est pas moi, je ne suis pas comme ça
J'ai besoin de mes mots, j'ai besoin de l'écrit
Car tu vois, j'ai compris, c'est le cœur de ma vie !

Peut-être encore de toi, te dire que je le sais
Je sais que tu as mal, je sais que ce sourire
Que toujours tu affiches, que cette franche gaieté
Que tu ne dois pas renier, servent à te retenir,
Servent à taire cette souffrance qui sinon exploserait !
C'est là le drame de ceux qui ne savent faire qu'aimer.

Peut-être toujours de toi, parce que je dois encore
Te dire que je suis là, que je ne m'enfuirai pas
Te dire que je t'admire, que j'envie ton courage
Te dire que cette vie que tu te bâtiras
Sera cette revanche faîtes à tous ces outrages.
Te dire que tu es grand, te dire que tu es fort !

Peut-être beaucoup de moi, parce que ça fait du bien
De juste pouvoir le faire sans la moindre pudeur
Même si je sais pourtant que dans moins de trois heures
Je devrais me lever et retenir enfin
La course de ma plume qui ne sait plus que dire
Si ce n'est que maintenant, je me vois un avenir.

Peut-être encore une chose, qui se doit d'être dite:
Ce long poème affreux qui m'a fait tant de mal
Mais devant qui les autres me paraissent si pâles,
Malgré ses mauvais vers et toutes ses redites
Malgré même tous ses pieds à la va-comme-j'te-pousse,
Restera à jamais le plus brillant de tous !

Peut-être petit frère, ce tout dernier aveu
Même si tu sais déjà, même si les mots sont peu
Quoique je ne connaisse rien pour mieux te l'exprimer
Et que je sais au fond que c'est la vérité,
Même s'il m'aura fallu ce bien trop long poème
Pour seulement te le dire, saches le enfin: Je t'aime.

Une plume de Dehorian

Le 11/02/11