Héraut, messager de la mort, en ce jour gris,
Ton pli cacheté n’a rien d’un mot d’amour.
Tu portes la fatalité du sort, ses atours maudits,
Un défi fait au suzerain de ton bourg.

La réponse de la folie à l’innocence :
Le pouvoir royal à la divinité douteuse
Annonce que l’infamie, l’impudence
Feront un mouroir, d’une vallée rieuse.

Héraut, au pied de ce chêne, où tu t’es assoupi,
Tu finiras ta vie dans quelques jours.
Tu n’aimes guère cette querelle de nantis
Qui lance un triste compte à rebours.

Ces maîtres épris de violence
Ne sont en joie que dans les conflits.
Des êtres, chez qui les romances
N’ont droit qu’au sang et au mépris.

Héraut, innocent, voici ce qui est écrit
Sur ce parchemin, sous le sceau royal.
Les mots d’un puissant qui s’ennuie,
Tracés sur le vélin corné par ton cheval.

« Prince de pacotille, vil impudent
La main de ma fille, ma vie, mon sang
Pour quelques brindilles se fanant,
Ma sainte famille, à vous, se mêlant.

Quelle infamie, quel piètre présent,
Que ce défraichi bouquet palissant.
Par économie, je ne verserais pas le sang
De ce maudît héraut qui me le tend.

Vassal sans soucis, tremblez à mon courroux.
Pour cette vilénie, vous mourrez à genoux.
Je vous défie, à la croisée du chêne du fou.
Vous et votre armé périraient sous mes coups. »

Héraut, à bride abattu, tu files contre le vent
Portant à la mort son triste présent.
Sous le bruit des sabots, râles et gémissements,
Venant de ces corps que le temps attend.

Allover 2010