Elle sortit dans la nuit Parisienne, et sur les indications d'Ange, se dirigea vers le métro. La foule parisienne lui était indifférente et elle profitait des ces moments de liberté. Force était de reconnaître que personne ne semblait enclin à engager une conversation, aussi futile soit elle, au vu des mines renfrognées, des écouteurs vissés dans les oreilles, des bonnets baissés jusqu'au yeux. La rame de métro ouvrit ses portes deux stations plus loin et Katie descendit. Elle suivit les indications de Clara et ne tarda pas à trouver l'adresse. C'était un immeuble cossu, dans un quartier huppé. Sa cousine avait visiblement réussi, vu la gueule de l'endroit. Elle entra dans le bâtiment, repéra les escaliers et entreprit l'ascension, courte, vers le troisième étage. Numéro 5 avait dit Clara, a droite dans le couloir. Elle frappa. Des bruits de pas se firent entendre, le son d'un loquet que l'on dévérouille, une poignée qui tourne.
'' Bonsoir''
Une voix d'homme. Un homme âgé d'une trentaine d'années, brun, les cheveux longs, avec un regard doux et des yeux magnifques.
Katie mit un temps à se ressaisir avant de répondre :
''Bonsoir. Je suis...
- Katie je suppose ? Je suis Frédéric, le mari de Clara. Elle m'a appelé pour me prévenir de votre arrivée !
- Elle n'est pas ici ?
- Je vous en prie, entrez ! Non Clara à eu un empêchement et ne rentrera que demain matin. Elle s'excuse. Mais vous pouvez rester, cela va sans dire, la chambre d'amis est prête.
- Merci beaucoup ! Mais je ne veux surtout pas vous forcer.
- Ne vous en faites pas, c'est un plaisir !
Katie observa plus en détail l'appartement. Sobre et beau. Frédéric lui montra la chambre d'amis et la salle de bains. C'est avec plaisir que Katie put prendre un bain, rempli de mousse, se laissant aller dans une béatitude la plus complète et reposante qui soit. Elle enfila des affaires propres, et rejoignit Frédéric. Il dressait la table quand Katie rentra dans la petite salle à manger. Deux assiettes. Au milieu de la table trônait une bouteille de vin. Elle observa cet homme, qui, elle le reconnaissait, avait un charme certain. Après s'être affairé quelques instants, il lui proposa de passer à table. Le repas fut simple, mais amplement suffisant, et tous deux mangèrent en silence. L'un comme l'autre semblaient gênés et n'osaient engager une quelconque conversation. Ce n'est qu'au moment du café que les langues se délièrent. Frédéric se révéla être un grand amateur de musique et de Rock en particulier. Ils se mirent à parler de groupes appréciés, d'album sublimés de légendes, d'anecdotes diverses... De fil en aiguille, Katie se mit à conter sa propre histoire, une partie de son passé récent et les foutues angoisses qui y sont liées. Il écoutait, fasciné. Le courant passait bien. Frédéric proposa de mettre un disque, ce que Katie accepta avec plaisir. Le choix fut complexe, au vu de la collection détenue par le jeune homme, mais leur choix s'arrêta sur ''Goo'' de Sonic Youth. Ils restèrent silencieux, profitant du son mythique du groupe, assis l'un à côté de l'autre. Inconsciemment, ils se rapprochèrent, s'effleurèrent, les regards fuyants. Leurs mains se touchèrent, se joignirent. Il avait des doigts fins, des gestes doux. Elle se laissait faire. Il ne fallait pas, comment résister ?
Elle s'abandonnait.