Mathis et Oryanne arrivèrent vers 18 heures, c’était avec bonheur qu’ils étaient revenus dans ce monde si magique. Charles fut extrêmement heureux de les revoir. « Capucine » sauta dans les bras de Marianne. Puis Jeanne arriva, Mathis fut heureux de la voir, en effet cela faisait plusieurs mois qu’il n’avait pas vu sa cousine, elle n’avait en tout cas pas changé… Charles comprit où ils avaient déjà vus ses amis, en fait, il les avait tout simplement vu chez lui ! La cheminée était peuplée de photos de famille et d’amis, et sur l’âtre était posé un cliché de Marianne et sa fille, à l’époque Capucine devait avoir 8 ans, et à côté se trouvait une photographie de Romain sur les genoux du père Noël avec Jeanne qui faisait coucou à l’appareil photo et Romain, vieux de 5 ans, qui tirait la barbe du vieil homme. « Capucine » s’éclipsa peu après, elle alla dans la salle de Prias, souleva le rideau puis passa dans l’autre monde. Dans son château tous ses partisans étaient fin prêt, ils étaient tous habillés en noir et avait les yeux injectés de sang, l’heure de la vengeance avait sonnée !
- Chers amis, le temps est venu de montrer à Plorus qui sont les maîtres du monde ! J’ai séduis ce nigaud de Charles, il va me montrer la pierre ce soir, utilisez le miroir de Prias pour rentrer dans le château, ne vous faites pas repérer : allez directement dans le labyrinthe, je vous ferais signe quand j’arriverais avec Charles, à tout à l’heure chers partisans…
Au Grand Conseil la fête battait déjà son plein, plusieurs centaines de personnes dansaient la valse Tarmaxienne, sur la piste Mathis et Oryanne étaient avec les deux adolescents pour parler des impressions qu’ils avaient eu durant leur début d’année scolaire.
- Il est vrai que depuis quelques jours, les cours sont plus difficiles, mais je m’en fiche, j’ai trouvé l’amour de ma vie dit Charles en regardant Capucine
- L’amour c’est bien mais pense tout de même à tes études.
- Tu peux parler Mathis, quand nous avons commencés à sortir ensemble, tu passais ton temps sur Internet dans l’espoir que je me connecte pour te parler alors que tu savais pertinemment que je ne faisais jamais d’ordinateur la semaine. Oh fait Charles, tu ne regrettes pas d’avoir tout quitté pour venir ici ?
- Bien sur que non ! Il m’arrive de repenser au passé, mais je vais de l’avant !
Lucius s’ennuyait depuis tout à l’heure, tous parlaient pour ne rien dire, il regarda Charles avec un large et faux sourire pour lui faire signe qu’il était temps d’aller dans le labyrinthe, ils quittèrent la piste de danses en se faisant bousculer par quelques valseurs en costume qui rouspétèrent. Ils s’éloignèrent main dans la main dans la nuit noire, sous le regard de la lune.
- Ma chérie, pourquoi veux-tu tant voir cette pierre, simplement pour avoir un souvenir ?
- Oui, mais ne t’inquiète pas ce n’est pas important, l’important c’est que je t’aime dit Lucius sur un ton sans sentiment tout en avançant vers son but.
A l’entrée du labyrinthe, un petit lutin sortit du buisson, il avait une lanterne et de grandes oreilles pointues.
- Bonjour, je suis Krak l’éclaireur, que puis-je pour… Attendez, vous êtes des premières années ? dit-il en les dévisageant, nous avons beau être un jour de fête, je ne peux vous laisser entrer.
- C’est le Grand Maître qui nous envoie, nous devons examiner la pierre d’Eranop.
- On me l’a déjà faite celle là, ça ne marche plus.
Krak voulait bien sûr faire allusion à l’incident avec le professeur Harrap, vingt ans plus tôt. Les yeux de « Capucine » changèrent de couleur, ils étaient désormais rouge, elle s’avança vers le nain, le prit par le coup et serra de toutes ses forces, le pauvre agonisait.
- Nous ne t’avons pas demandé ton avis, je suis désolé Charles, nous devons le tuer, il nous apporterait trop de problème s’il devait rester en vie.
- Mais tu es folle !
- Folle de toi ? J’en suis sure dit-elle
Elle serra encore plus fort le cou du lutin en souriant, les deux oreilles pointues de l’elfe devenaient bleues, puis on entendit un petit « crac », le pauvre gémissait par terre, c’est ses os qui venaient de craquer , il souffrait le martyr, il cria pendant quelques secondes puis plus rien : il était mort ! « Capucine » prit sa canne et en fit jaillir des flammes, il fallait brûler le corps pour effacer les traces de leur passage. Charles était si bouche-bée qu’il ne pu rien dire, il était choqué : sa petite amie venait de tuer quelqu’un sous ses yeux. Lucius connaissait le labyrinthe comme sa poche, ses partisans, accompagnés de Prias et de « Julius », les suivaient sans bruits, ce soir il n’y avait personne dans le labyrinthe, toutes les créatures étaient partis à la fête. Il guidait le jeune Charles parmi les buissons, dans chaque allée se trouvait une grande statue d’un personnage important du Grand Conseil, ils passèrent notamment devant le trio de scientifiques à l’origine de ce monde, les statues leur firent une révérence à leur passage. Ils allaient bientôt arriver à l’endroit où se trouvait la pierre, l’écureuil savait qu’il avait gagné quand il vit la statue de Plorus et celle de Charles de chaque côté d’une grande allée : l’Eranop était au bout du chemin, il savourait sa victoire, tant d’années qu’il essayait de s’en emparer, en vain… Jusqu’à aujourd’hui !
- Merci mon chérie, tu as tenu ta promesse.
- J’ai bien le droit à un baiser maintenant en la prenant langoureusement par la taille.
- Tu es sûr répondit l’autre
Le visage qui se trouvait devant lui avait beaucoup changé, en fait ce n’était même plus un visage, il voyait seulement une cagoule, il ne savait pas qui c’était, seule une cicatrice au niveau du cou de cette chose le mis sur la voie. Lucius avait quitté le corps de Capucine, la jeune fille était allongée par terre, profondément endormie, ses partisans sortirent tour à tour des buissons et s’emparèrent de Charles.
- Qui êtes-vous ?
- Tu n’as pas une petite idée ?
- Le Maître du Destin sombre… Je comprends tout maintenant…
- Très bien, tu apprends tes cours mon cher Charles, je t’en prie appelle moi Lucius, on se connaît maintenant ! Je te remercie, tu m’as été d’une grande aide jusqu’à maintenant. L’Eranop est bientôt à moi grâce à toi ! Prias, prend Capucine sur ton épaule, on ne va tout de même pas la laisser là…
- Vous êtes un monstre, vous et vos sbires !
- C’est ce qui fait mon charme dit Lucius en faisant un affreux sourire, allez, en route, vers mon destin !
La procession se dirigea vers le bout de l’allée, on voyait déjà la lumière aveuglante que propageait la pierre bleue. Mais cette pierre attirait tout autant Lucius que les autres, Prias était tellement fou de ce caillou qu’il se jeta dessus sans demander leur avis aux autres. Quand il l’eut entre les mains il poussa un grand rire et dit :
- Tant d’années que j’attends cela, je vous ai suivis maître, dans le seul but de m’emparer de cette pierre avant vous, et j’ai réussi, je vais devenir le maître du monde, faites attention, pas de mouvement brusque si un de vous bouge, je vous extermine !
Lucius avait été pris de court, il ne comprenait rien à ce qui ce passait, en fait il se fichait même de la trahison de Prias, ce qui l’interpellait c’était la pierre. Ca y est, il avait compris :
- C’est un leur, elle est fausse, on s’est fais dupé ! Si c’était l’Eranop authentique, il n’aurait même pas pu la toucher ! Prias, réfléchis ! Seul Charles et Plorus peuvent la prendre dans leurs mains, personne d’autre ! Tu aurais pu nous le dire toi !
- Je vous promets que je ne savais rien se défendit Charles
Puis tout lui revint en mémoire, le paquet qu’il avait du remettre à Plorus c’était ça, le Grand Maître savait pertinemment depuis le début que Lucius allait tenter quelque chose pendant cette année scolaire, il avait donc besoin d’un leur que le professeur Harrap avait confectionné, tout devenait clair désormais ! Après que Prias se soit emparé de la fausse pierre, une puissante alarme se déclencha, l’issue qui menait à la sortie fut condamnée par des buissons : il n’y avait aucun moyen de s’enfuir, pour éviter les éventuelles évasions, Plorus avait installé un champ de force autour du labyrinthe qui s’activait quand on touchait à la fausse pierre. Et comme si ça ne suffisait pas, les statues qui se trouvaient autour de l’autel de la fausse pierre se mirent à bouger et à attaquer la vingtaine de personnes qui se trouvait en ce lieu. Des elfes, des nains, des dragons et même la statue de Charles se jetèrent sur eux.
A la fête tout le monde entendit la sonnerie, elle avait interrompu un slow entre Mathis et Oryanne, enfin presque tout le monde l’avait entendue, en effet, nous étions à une heure avancée de la soirée, pas mal d’invités, surtout des Tarmaxiens, avaient été bien amochés par l’alcool, ils étaient avachis sur de grandes tables en bois en chantant des chansons aussi répétitives qu’idiotes. Plorus engagea Crassus, Kilozun, Mathis, Oryanne et Jeanne pour le suivre dans le labyrinthe, il n’avait pas réussi à trouver Julius. Ils couraient à perdre haleine parmi ces buissons, Charles et Capucine étaient en grave danger.
Les partisans de Lucius se battaient tant bien que mal contre ces statues aussi fortes que Goliath, un nain avait poussé Charles à terre et il pointait vers lui la lame de son épée en pierre, « c’est fini » se dit-il, il ferma les yeux pensant que l’impact allait être moins violent s’il ne regardait pas. Quand Plorus arriva sur les lieux, il claqua des doigts, ce qui désactiva l’enveloppe anti-sort, les statues quant à elles ne bougeaient plus d’un pouce, arrêtées dans leur élan. Charles l’avait échappe et belle. Il avait failli mourir, quand il vit ses parents il courut vers eux, une montagne de larmes coulaient le long de ses joues, il avait eu très peur, la mort était passée si près. Dès l’or, deux clans s’étaient formés : celui de Lucius et celui de Plorus, le cygne était très en colère.
- Tu vas payer pour tout ce que tu as fais à mon peuple, Lucius !
- Tu as perdu tes manières Plorus ? Saluons-nous tout de même !
- Avec toi ce n’est pas la peine ! Prias, j’avais raison de m’être méfié de toi, tu m’as trahis…
- Que veux-tu, il a choisi le camp des gagnants, on ne peut pas lui en vouloir, mais enfin Plorus… Les gentils ne gagnent plus aujourd’hui, c’est fini les contes de fées ! Perrault est mort il y a longtemps, et j’en sais quelque chose, c’était moi son Maître du Destin à l’époque…
Que Prias le trahisse, c’est une chose, mais le Grand Maître fut encore plus choqué quand il aperçut dans la petite foule, à côté de Lucius, son confident, son ami de toujours, Julius, à cause de la surprise, les larmes lui montèrent aux yeux, mais pas des « larmes terriennes », non, les siennes étaient aussi bleus que l’azur et se solidifiaient au contact du sol, cela faisait penser à des morceaux de verre brisés :
- Tu fais partie de sa communauté, toi, Julius, tu me déçois beaucoup, je te faisais confiance, mais non tu es à mettre dans le même sac que ce vil reptile de Prias…
Plorus trouvait tout de même ça bizarre, on ne peut pas se métamorphoser en monstre en quelques jours, il faut du temps… Mais celui-ci répondit quelque chose qui le fit encore plus tressaillir :
- Que voulez-vous, les temps changent Grand Maître…
- Les temps changent ? Tu ne pouvais plus voir Lucius en peinture après la mort de Myriam, c’est toi qui avait insisté pour lui trancher la tête personnellement, et tu te rappelles des autres mesures que tu avais pris à son égard ?
Plorus faisait bien sûr référence à l’incident de la salle des tableaux, cela remontait à quelques années maintenant, le Grand Conseil n’avait pas encore fait la connaissance de Mathis et ses amis, une nuit, Julius s’était introduit dans cette salle et avait poignardé tous les tableaux à l’effigie de Lucius, celui-ci avait été très vexé et ça n’avait pas arrangé leurs rapports.
- Ah, l’amitié, tu sais Plorus, avec ces choses là, il faut mieux avoir la tête sur les épaules, et je sais de quoi je parle dit l’écureuil avec ironie, je ne me fis jamais totalement à quelqu’un, ça m’est arrivé avec une seule personne et ce fut toi, Marianne…
- Je suis touché Lucius, moi aussi je t’aimais énormément, mais tu as fais de trop de bêtises ces vingt dernières années pour que je te pardonne tout de suite, je suis navré.
Depuis des années Lucius avait vécu dans l’ombre et le mal, avec le temps, il avait perdu le sentiment de tristesse, ce soir, il l’avait retrouvé. Des larmes de couleur noire s’écoulaient sur ses joues blanches pour s’écraser sur le sol, une grande tache noire semblable à de l’essence se trouvait tout autour de l’écureuil.
- Marianne, ce n’est pas possible, je ne pourrais me passer de toi, tu es une chose indispensable pour moi, je dépérirais si tu devais ne plus jamais me parler…
Marianne détourna le regard, elle aussi pleurait, Plorus profita de cette tristesse générale pour jeter un sort d’immobilisation sur Lucius, des cordes blanches sortirent de sa canne, mais le Maître du Destin sombre fut plus rapide que lui et ils disparurent, lui, et ses disciples, avant que les cordes ne l’atteignent. Mais de tous ses partisans, seul Prias était resté, il était là, sur le sol, allongé, comme s’il n’avait plus aucune force. Plorus vint vers lui et le releva en le tirant par le bras, depuis que Lucius était partie un violent orage avait éclaté juste au dessus de leur tête.
- Grand Maître… Je suis désolé de tout ce que j’ai fais, pardonnez moi
- Je te laisse une chance pour te racheter, dis moi tous les renseignements possible sur Lucius.
- Mais il va me tuer si je fais ça…
- Si tu ne dis rien, je m’occupe personnellement de ton cas, et je peux t’assurer que tu auras une mort lente et douloureuse...
Prias accepta sans riposter d’avantage, mais seulement Plorus le suivit, les autres retournèrent à la fête. Tous deux se dirigeaient vers le château, il devait aller sur Vulcano le plus vite possible.
Lucius et ses acolytes n’étaient pas retournés pas retournés dans le château de Vulcano, ils étaient allés dans l’autre résidence de Lucius, sur Tarmax, quand il vit que Prias manquait à l’appel, il dit d’un ton calme et reposé :
- Il a choisit de rester là-bas, il a donc choisis la mort.
Tout en tremblant, Prias cherchait la clé de sa salle dans le trousseau, elle était en forme de cygne, il poussa la porte et ils entrèrent.
- Pourquoi m’as-tu amené ici ?
- Regardez derrière le siège de mon bureau, en dessous le drap rouge.
Quand Plorus vit le miroir, il n’en revenait pas, il avait tout de suite compris de quoi il en retournait.
- Ne me dis pas que ce miroir est relié au monde des miroirs et par conséquent au château de Lucius ?
Prias acquiesça tout en continuant de trembler.
- Il m’a demandé de faire ça juste après les vacances, quand je me suis rendu sur Vulcano, il m’a promis monts et merveilles si je l’aidais à s’emparer de la pierre, j’ai donc relié les deux miroirs pour me permettre de me rendre plus facilement et plus rapidement sur Vulcano. Par la suite, pour infiltrer le Grand Conseil sans se faire repéré, il eut une idée : capturer Capucine et envahir son âme, ensuite, il a séduis Mathis pour que celui-ci lui offre la pierre, par amour.
- Mais il n’avait aucune idée que c’était un leur ?
- Vous avez tout compris. Venez, on va aller sur Vulcano, j’ai autre chose d’important à vous montrer.
Le serpent et le cygne passèrent dans l’autre château, Plorus contemplait le mobilier bien différent du Grand Conseil, ils descendirent un grand escalier de pierre très humide, le Grand Maître manquait de tomber à chacune des marche, il se retrouvèrent dans une petite salle peuplée par des rats, une odeur pestilentielle hantait les lieux, des morceaux de pains, de pommes de terre et une bouteille de vin pleine de poussière posée sur une table, laissait supposer que cette salle n’était pas beaucoup fréquentée. Mais pourtant quand ils arrivèrent au bas de l’escalier, un homme criait à l’aide :
- Lucius, c’est toi, viens te battre ! Je t’attends !
- Je ne suis pas Lucius, mais vous, qui êtes-vous ?
- Julius Equus, Maître du Destin depuis l’an 726.
- Julius ? Mais il y a à peine une heure, tu te tenais au côté de Lucius et tu m’as avoué que tu m’avais trahi…
- Quoi ? Moi, être partisan de cette ordure ? Ce n’était pas moi, Grand Maître.
- Mais qui étais cet homme alors, il a soutenu qu’il s’appelait Julius et il te ressemblait comme deux gouttes d’eau. Prias, aurais-tu quelque chose à dire à ce sujet ?
- Et bien, Lucius trouvait que ce n’était pas assez d’avoir un espion au Grand Conseil, alors il décida de capturer Julius et de le remplacer par un de ses partisans qui prit son apparence.
- Est-ce vrai Julius ?
- Oui, le soir de la rentrée, après le repas, je décidais d’aller me balader dans le parc dans le parc, quand je fus frappé à la tête par derrière, je n’ai pas vu mon ravisseur, quand je me suis réveillé, j’étais ici, dans ce cachot puant. Au début, Lucius venait tous les jours pour m’apporter à manger, enfin, à manger c’est vite dis, j’avais du pain sec et de l’eau. Puis les visites s’espacèrent jusqu’à ce que je mange une seule fois par semaine. J’ai vécu un enfer durant ces longs mois, j’espère que je ne suis pas trop horrible à voir, je ne me suis pas regardé dans un miroir depuis bien longtemps.
En effet, il avait beaucoup changé, il avait perdu son élégance d’antan, son costume blanc était aussi sale que lui, ses cheveux, hirsutes, était devenu gris de poussière. D’habitude il était rasé de près, là, une barbe une barbe assez longue le vieillissait de 200 ans, seuls ses yeux étaient restés intact, ils étaient toujours aussi vert… Ce séjour dans le château de Lucius l’avait énormément changé. Ils le libérèrent et retournèrent à la fête.
Charles était quant à lui très fatigué, après l’épisode du labyrinthe il avait dansé, dansé et encore dansé avec la « vraie » Capucine pour oublier cet incident. Ils partirent se coucher vers 4 heures du matin, Oryanne et Mathis rentrèrent sur Terre avec le réseau des miroirs. Ils avaient tous vécus une journée épouvantable, ils avaient tous failli mourir, et Charles devait mener la prophétie jusqu’au bout, Plorus lui avait expliqué que quand la prophétie passerait du bleu au rouge, elle serait accomplie. Mais comment faire pour le tuer ? Ce fut la question qu’il se posa le plus pendant les quatre mois qui suivirent cette journée, d’ailleurs il ne pensait qu’à ça, jour et nuit, l’image de Lucius le hantait, il n’avait pas redonné signe de vie, jusqu’à ce qu’un nouvel incident se produise. Vers deux heures et demie du matin, au mois d’Avril, on entendit crier Kilozun dans tout le château, celui-ci effectuait son tour de garde, comme toutes les nuits. Arrivé au quatrième étage, il passa à côté du bureau de Prias, il y avait de la lumière qui passait en dessous la porte, il était encore debout, Prias travaillait toujours très tard. Kilozun entreprit de lui rendre une petite visite de courtoisie. Il entra dans le bureau, et passa à côté des différents instruments et autres livres si indispensables à la matière de son collègue. Prias avait la tête posée sur une montagne de parchemins en tout genre, il avait renversé son encrier et sa plume s’était écrasée sur le sol, bref il s’était une fois de plus endormi au travail. Enfin, c’est que Kilozun s’était dit, jusqu’à ce qu’il voit la mare de sang en dessous du bureau, il s’approcha de son ami et vit un manche en forme de queue d’écureuil planté dans le dos du professeur Serpens, c’était le couteau personnel de Lucius. Crassus et Plorus accoururent dans le bureau quand ils entendirent Kilozun crier, et découvrirent avec horreur la scène qui s’offrait à eux. Mais comment Lucius avait-il pu opérer sans qu’on le remarque, et surtout comment était-il entré dans le château. Le Grand Maître réfléchit quelques instants et compris ce qui s’était passé, il se dirigea derrière la chaise de bureau et souleva le drap, c’est bien ce qu’il pensait, il reconstitua vite la scène qui s’était produite. Lucius, pour se venger de la trahison de Prias l’avait tué, mais il avait voulu que l’on remarque que c’était lui, c’est pourquoi il s’était infiltré dans le château par le biais du miroir de Prias, ensuite, il l’avait poignardé dans le dos avec son couteau personnel, aucune chance de se faire prendre sur le fait ou que Prias riposte : pas de cri, aucune souffrance, bref aucune trace de son passage, puis il reprit le même chemin pour partir et il brisa le miroir « de l’intérieur » rendant impossible l’accès à son château par les personnes du Grand Conseil. Plorus avait insisté pour faire enlever le miroir, Prias avait refusé, chaque jour des rondes était faite dans le château de Lucius pour déceler la moindre présence mais depuis bientôt deux mois, celui-ci avait abandonné sa résidence. Mais il était trop tard pour retourner en arrière, un nouvel homme était mort à cause de Lucius, il fallait se débarrasser de lui une bonne fois pour toute. Le lendemain il convoqua Charles et Julius dans son bureau :
- Messieurs, comme vous le savez, Prias est mort cette nuit à cause de Lucius, il faut se débarrasser de lui au plus vite, il faut réaliser la prophétie ! Et pour cela j’ai besoin de vous, c’est toi seul, Charles, qui peut le tuer, pour cela, je te lègue mon épée.
Plorus lui tendit une épée en argent sur laquelle était gravée différents animaux, un chien, un cheval, un rat et enfin un cygne…
- Julius, quant à toi, tu vas m’aider à mettre en place un plan pour piéger Lucius
- Je l’ai déjà ce plan, Grand Maître, quand Lucius est devenu le Maître du Destin de Marianne, il s’est produit un phénomène rare, l’amitié entre un Maître du Destin et son protégé ce qui a engendré nos amitiés avec nos protégés respectifs d’ailleurs. Mais cette amitié fut très spéciale, en effet, il était tellement proche de Marianne qu’ils pouvaient rentrer en contact par le biais de la télépathie, comme ça il pouvait discuter en permanence avec elle, qu’importe la distance. Ils n’utilisent certainement plus ce lien aujourd’hui mais je mets ma main à couper qu’il fonctionne encore, il faut que Marianne l’attire ici et que Charles le tue, je vais la prévenir.
En moins de deux semaines le plan fut mis en place, Marianne était de nouveau revenu au Grand Conseil. Plorus avait eu beaucoup de mal à la convaincre de trahir de nouveau, mais elle avait accepté, le sort du monde en dépendait…
- Marianne, pour qu’on soit sûr qu’il vienne tu vas aller dans la salle des souvenirs et lui dire par télépathie que tu vas lui offrir l’Eranop, il te croira, ne t’en fais pas, quand il sera en confiance, Charles viendra le tuer par derrière, qu’en dis-tu ?
- Vous savez très bien ce que je pense de tout ça ! J’accepte mais dépêchons-nous avant que je ne change d’avis !
Plorus, Marianne, Capucine, Xorus et Charles se rendirent dans la salle des souvenirs, c’est Plorus qui l’avait ouverte, c’est pourquoi ses souvenirs et ses rêves étaient mis en scène dans cette grande pièce circulaire, sans fenêtre et éclairée par d’immenses lustres en cristal, des plumes de cygnes se trouvaient sur les commodes qui renfermaient des photographies de son enfance, de gigantesque portrait de lui à différents âges peuplaient les murs, comme dans son bureau, il n’était pas retourné dans cette salle depuis plusieurs années, il se laissa submerger par l’émotion, dans ces cadres, les meilleurs moments de sa vie défilaient en boucle, sa rencontre avec Julius, son sacre en tant que Grand Maître et beaucoup d’autres choses… mais il se rendit vite compte que dans sa longue vie, il n’était jamais tombé amoureux, aucun fils à chérir, aucun souvenir de famille, rien… Mais il du vite reprendre ses esprits, en effet, il avait un écureuil sur le feu et il ne devait pas chômer pour le tuer, Capucine était elle aussi présente pour le massacre, cachée derrière une commode avec Charles, tout le monde était fin prêt… Quelques secondes encore à patienter et le monde était sauvé. Marianne ferma lentement les yeux et se focalisa sur l’écureuil, elle était désormais rentrée en contact avec Lucius :
- Marianne, c’est toi ?
- Oui Lucius, j’ai quelque chose d’important à te dire.
- Oh, c’est si merveilleux, tu m’as pardonné, je suis si heureux…
- Ecoute, je suis dans la salle des souvenirs, au Grand Conseil, je vais t’aider à récupérer la pierre, je suis toute seule, rejoins-moi vite.
- Quoi ? Tu t’es rangé de mon côté ?
- Il faut croire, viens vite !
Lucius était le plus heureux des hommes en ce moment précis, non seulement il avait récupérer la personne qui lui était la plus chère au monde, mais en plus il allait s’emparer de l’Eranop une bonne fois pour toute que demander de plus ? Aussitôt dis, aussitôt fait, il emprunta un portail temporel et en un clin d’œil, il se retrouva au côté de Marianne, il la serra le plus fort possible dans ses bras, il avait les mains toujours aussi glacées, mais il était si heureux de l’avoir retrouvé, Charles devait désormais faire très vite, il sortit de sa cachette et courut vers Lucius, malheureusement, Capucine avait eu peur pour lui, elle le retint par le bras pour l’empêcher d’y aller, réduisant l’effet de surprise à néant :
- Tu as essayé de me doubler Marianne ? Tu me déçois, mais je ne suis pas né de la dernière pluie…
Sur ces mots, il se téléporta juste derrière Capucine et la prit en otage à l’aide de sa canne :
- Tu ne me laisse pas le choix, je dois me venger, et quoi de mieux que de tuer ta propre fille…
- Réfléchis Lucius, dit Plorus, à cause du lien magique qui vous unis, si Capucine meurt, tu la suis, que choisis-tu ?
- Au point où j’en suis, la mort ne me fais plus peur, regarde l’épave que je suis devenu, comprends moi… Je suis désolé Marianne…
La seconde qui suivit passa à une vitesse folle, Xorus essaya tant bien que mal de courir le plus vite possible pour atteindre Lucius et lui décocher un sort entre les deux yeux. Mais c’était trop tard, des serpents verts sortirent de la canne de l’écureuil recouvrant Capucine, puis les reptiles disparurent en emportant la fille de Marianne, elle était morte, Lucius sourit et disparut dans une explosion, de la fumée noire, envahit la pièce, chacun toussait, et Xorus était au sol, inconscient, l’écureuil était mort. Ils avaient réussis, malheureusement, Capucine aussi, et ça c’était inconcevable quand tous le monde comprit qu’elle avait vraiment disparue pour toujours, ils fondirent en larmes. Marianne était comme pétrifié, les larmes n’arrivaient même pas à sortir, elle ne comprenait pas ce qui c’était passé, ce n’était pas possible, sa fille ne pouvait pas être morte, pas la sienne… Mais malheureusement, c’était la triste vérité ! ils retournèrent ensuite dans le bureau du Grand Maître, Plorus ouvrit son armoire et attrapa la prophétie concernant Lucius, elle était toujours bleue, elle n’était pas devenu rouge, cela signifiait qu’il était encore en vie, quelque part…
- Comment est-ce possible Xorus ?
- Je ne sais pas Grand Maître, cela ne s’est jamais produit nous avons affaire à un as, il a beau avoir tué Capucine, il n’est pas mort, c’est techniquement impossible, le lien qui les reliait était beaucoup trop fort pour être rompu aussi facilement, mais bon c’est comme ça, malheureusement… Charles devra encore se battre contre lui l’année prochaine, sans elle, seulement avec Romain…
Ce triste évènement ponctua la fin de l’année scolaire, Charles allait rentrer pour deux mois de vacances, l’année fut haute en couleur, des joies, des déceptions, mais surtout la perte de celle qu’il aimait, aussi, la prophétie n’était toujours pas réalisée, le monde était encore en danger…Plorus fit un discours de fin d’année :
- Chers élèves, l’année est terminée, vous avez tous bien travaillés… Certains plus que d’autres, dit-il en regardant Charles… Vous n’êtes pas sans savoir que le Maître du Destin sombre a refait surface et qu’il a tué Capucine Squirrel, il reviendra, soyez sur vos gardes l’an prochain, et nous aurons besoin de chacun de vous pour nous aider à le terrasser… Mais pour l’instant profitez de vos vacances et reposez-vous, à très vite…
C’était terminé, Charles prit ses affaires dans le dortoir et rejoignit le carrosse… Il allait revenir dans quelques mois mais il ne se doutait pas que ça allait être encore plus éprouvant à vivre… Evidemment, il était triste, et est-ce que deux mois de repos étaient assez longs pour compenser les épreuves qu’il venait d’endurer et la perte qu’il avait subie, certainement pas…