Chaque jour je te vois, sombre navire,
Longer la falaise, rongé de silence,
Puis, spectral, vers le large repartir
Sans âme qui vive pour stopper ton errance.
Le vent quelques fois dans ses serres transporte
Les cris déchirés des fantômes que tu portes,
Comme un écho à l'effroyable clameur
Qui sourde en moi d'un abîme intérieur.
Mon aimé s'est jeté dans tes bras d'acier,
Pour des promesses d'aventure et de gloire !
Or de son retour, je n'ai plus un espoir,
Las, mon cœur s'emplit d'un silence amer.
Un jour, je me perdrai dans ton sillage,
Arracherai mon âme à ce corps tremblant
De ne plus appartenir à son amant...
Un jour je me jetterai dans ton naufrage.